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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 35.djvu/672

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marchandises et sur hypothèque, et qui est un crédit foncier en même temps qu’une banque d’escompte. Elle sert un intérêt de 3 1/2 pour 100 aux livrets au porteur, de 4 pour 100 aux livrets nominatifs, mais ne délivre ceux-ci qu’aux agriculteurs qui travaillent la terre de leurs mains, aux ouvriers, artisans et gens de métier ; tandis que la Banque de France ne sert pas d’intérêts à ses déposans pour pouvoir en donner aux actionnaires, ces banques italiennes paient un intérêt aux déposans et n’accordent aucun dividende aux actionnaires. Détail assez curieux : ce sont les caisses d’épargne qui là-bas dirigent les bureaux de perception, adjugés aux enchères à ceux qui, tout en offrant certaines garanties, soumissionnent au taux le plus bas : elles entretiennent les rapports les plus intimes avec les banques populaires, avec les sociétés de secours mutuels, conseillent celles-ci, les subventionnent, répandent partout les institutions de prévoyance. En 1895, la Caisse de Parme consacrait 58 904 francs à des œuvres de charité et de prévoyance.

La loi du 15 juillet 1888 est en quelque sorte la grande charte des caisses d’épargne en Italie. Elles jouissent de la personnalité juridique, peuvent recevoir des donations et des legs ; la loi les autorise à ouvrir dans une certaine mesure des livrets spéciaux en faveur de certaines institutions de bienfaisance, telles que les sociétés de logemens hygiéniques des manœuvres (braccianti)[1], journaliers, instituteurs, avec versement plus réduit et taux d’intérêt plus élevé. Elles disposent librement des fonds qui leur sont confiés, et jouent le rôle de véritables banques, d’après les règles établies par leurs statuts ; bien entendu elles sont inspectées par des délégués ministériels, et doivent envoyer tous les six mois un état de leur situation au ministère de l’Agriculture et du Commerce. Prêts sur hypothèques, ouvertures de comptes courans à des corps moraux avec garanties hypothécaires ou chirographaires, avances sur effets portant deux ou plusieurs signatures, avances sur titres et valeurs, crédit agricole,… telles sont leurs opérations les plus fréquentes. Partout où il y a une caisse d’épargne, il y a une caisse de prêts : casse di rispannio e prestiti ;

  1. Sur les Sociétés de Braccianti, voyez Rayneri, p. 347 et suiv. : une loi de 1889 leur confère la facilité de prendre part aux adjudications inférieures à 100 000 francs : la ville de Parme a confié aux coopératives de travail la construction des abattoirs, le percement des boulevards, et elle n’a pas eu à s’en repentir ; dans cette ville les travaux sont répartis sur plusieurs années et s’exécutent en hiver, saison de chômage.