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de les faire vite, car, dans ce siècle de concurrence télégraphique internationale, malheur à celui qui arrive après les autres.

Ce n’est pas seulement le négociant qui doit être un savant en commerce, c’est aussi l’industriel. Pour faire fortune, il suffisait autrefois, lorsque l’industrie était encore peu avancée, de trouver quelque procédé nouveau, voire quelque économie dans le coût de la production. Aujourd’hui tout le monde travaille à peu près de la même manière et, s’il faut toujours savoir bien fabriquer, le succès dépend surtout de la façon dont on sait acheter la matière première et vendre le produit fabriqué ; l’industrie est devenue commerciale. Aussi la Chambre de commerce de Cologne a-t-elle pu dire que « le grand négociant et le grand industriel modernes doivent fournir la plénitude de travail intellectuel pour fonder et étendre les relations les plus diverses dans toutes les parties du monde ; leur regard doit embrasser la civilisation de l’univers. » Le génie de Goethe avait pressenti l’époque actuelle lorsqu’il écrivait : « Je ne sache pas qu’il y ait d’esprit plus large et plus cultivé que celui d’un grand commerçant ! »

A côté de chefs munis de toutes ces connaissances, les affaires modernes, si complexes, nécessitent des employés capables et, par conséquent, bien préparés et suffisamment instruits. Ces employés se recrutaient autrefois parmi les hommes exclusivement ; aujourd’hui on reconnaît que les femmes sont parfaitement aptes à cette carrière. Il faut préparer toute cette jeunesse à bien remplir sa tâche. Autrefois, une instruction ordinaire suffisait : au sortir de l’école primaire s’il aspirait à devenir employé, ou du lycée si sa famille pouvait avoir la prétention de le faire devenir chef de maison, le jeune homme faisait ce qu’on appelait son apprentissage. Il entrait dans une maison où il s’initiait à la routine du genre d’affaires qu’on y traitait et cela suffisait pour assurer plus ou moins son avenir. Peu à peu, cependant, l’utilité d’un enseignement plus directement approprié s’est fait sentir, on a créé des écoles de commerce, on a fondé des cours de perfectionnement et cela presque en même temps dans la plupart de ceux des pays qui sont à la tête du progrès. Le besoin de se renseigner réciproquement a été tel que de fréquens congrès internationaux n’ont pas tardé à faciliter l’échange des idées. Ces congrès ont eu lieu successivement à Bordeaux en 1885 et 1895, à Paris en 1889 et 1900, à Londres en 1897, à Anvers en 1898, à Venise en 1899 et nous en aurons un à Milan