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de n’importe quel parti. » Nous ne connaissons pas M. Dumont, et nous ignorons quelle autorité il a sur la Chambre, mais il parle d’or. Que peut-on lui opposer ? La loi, hélas ! Il est certain qu’une casuistique un peu relâchée peut seule en faire sortir la tolérance que M. Dumont conseille et défend. Eh bien ! dit-il, changeons la loi Mais alors, une nouvelle question se pose, et nous nous contenterons aujourd’hui de l’indiquer. Si on modifie la loi, dans quel sens faut-il le faire ? Plusieurs de nos évêques ont déclaré, au cours de conversations reproduites par les journaux, que la loi deviendrait tout de suite acceptable si on en mettait l’article 4 clairement d’accord avec l’article 8. Un trait de plume y suffirait. Ne vaudrait-il pas mieux le donner que de se livrer aux remaniemens profonds et confus que propose M. Dumont et que d’autres proposeront avec lui ? Dans le premier cas, ce serait l’apaisement presque instantané ; dans l’autre, c’est la guerre avec ses longues incertitudes. On voit tout de suite où seraient la tolérance sincère et surtout le véritable esprit politique. Ce n’est malheureusement pas une raison pour qu’on aille de ce côté.

Sur un seul point les évêques ont donné des instructions immédiates, parce qu’ils se trouvaient en présence d’un danger immédiat. Danger ? Le mot est sans doute excessif : il s’agit, en effet, d’une entreprise qui ne semble pas destinée à beaucoup de succès. Mais il faut parer à tout, et puisque quelques « catholiques, » ou prétendus tels, travaillent malgré tout à organiser des associations cultuelles, les évêques ont pensé qu’ils devaient condamner cet embryon de schisme. « Si l’on tentait, ont-ils dit, d’établir, contrairement à la volonté du chef de l’Église, des associations qui ne pourraient avoir de catholique que le nom, nul de vous, sous quelque prétexte que ce fût, ne consentirait à s’y enrôler. » L’interdiction est formelle. Elle s’applique également aux prêtres et aux laïques. Si on trouve des prêtres pour organiser des associations cultuelles ou pour en faire partie, ils seront certainement très peu nombreux. Combien en compte-t-on aujourd’hui ? Un ou deux. Y a-t-il, en revanche, beaucoup de laïques ? Une centaine peut-être. On nous dit, il est vrai, que ce n’est qu’un commencement et que les adhésions commencent à affluer : jusqu’à preuve du contraire, nous nous permettons d’en douter. On chercherait vainement en France les élémens d’une religion nouvelle. On y est catholique, ou libre penseur. Il n’y a pas place pour une combinaison intermédiaire, et ceux qui cherchent à organiser un catholicisme en dehors du Pape, ou plutôt contre lui, tentent l’impossible. Ce pays, qui n’a même pas pu rester gallican, p » deviendra pas