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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 35.djvu/719

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protestant : or, il n’y a pas à s’y tromper, c’est une entreprise sciemment ou inconsciemment protestante que celle dont M. Henri des Houx a pris bruyamment la direction.

Nous savons bien qu’il dit le contraire. A l’entendre, il est meilleur catholique que le Pape. Il prétend lui donner une leçon de bon catholicisme, et, si le Pape ne la reçoit pas avec la déférence convenable, il le déclare « maudit ! » Nous ne rechercherons pas quelle part de sincérité il y a dans ces exercices d’esprit ; elle est peut-être assez mince ; mais le fond des cœurs nous échappe, nous ne nous reconnaissons pas le droit de le scruter. Notre histoire religieuse présente l’exemple de quelques sectes qui ont émis la prétention de rester catholiques alors même que l’Église les condamnait et que le Pape les repoussait : cette attitude nous a toujours paru un peu ridicule, même de la part de personnes aussi graves que l’ont été les jansénistes. Mais si elle a eu ce caractère chez eux, que faut-il en penser chez M. Henri des Houx ? M. des Houx est un journaliste habile, exercé, instruit, dont la pensée a souvent été flottante, qui a écrit des livres entiers sur ses brouilles chroniques et ses réconciliations avec Rome. Sa conscience a toujours été très fière lorsqu’elle lui ordonnait de rompre ; mais il se montrait respectueux, reconnaissant, ému, touché jusqu’aux larmes, lorsqu’il était admis à résipiscence ! Où en est-il aujourd’hui ? Il y a de tous ces sentimens à la fois, ou du moins, il tient à la fois le langage de tous ces sentimens, quelque divers qu’ils soient, dans l’œuvre qu’il vient d’inaugurer. En même temps qu’il attaque le Pape avec véhémence, il semble lui demander sa bénédiction. Nous préférons par goût les attitudes plus tranchées : elles nous paraissent plus franches. Mais quoi ! M. des Houx veut avoir des catholiques dans sa Ligue, — car il a fondé une Ligue, — et il ne peut avoir que des catholiques abusés. Dans la seconde et jusqu’ici dernière réunion qu’ils ont tenue chez lui, ses adeptes étaient, dit-on, trente-trois. En comptant les adhésions données par lettres, on n’arrivait pas tout à fait à la centaine. Cela a suffi pour constituer un bureau composé d’un président qui ne pouvait être que M. Henri des Houx lui-même, et d’un secrétaire qui ne pouvait être que son fils. On a formé ensuite un comité directeur en trois personnes. Nous ne les nommerons pas ; leurs noms ne diraient rien ; personne encore n’en avait entendu parler. Ont-ils du moins quelque notoriété dans le monde catholique ? La question a été posée à M. des Houx ; il y a répondu en ces termes : « Non. Ce sont des gens tout à fait dignes d’inspirer confiance, bons catholiques, bien connus dans leur paroisse