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où ils suivent les offices ; leur passé est indiscutable, leurs professions des plus honorables, mais ce ne sont pas des drapeaux. Nous ne voulons plus de drapeaux. » N’en déplaise à M. des Houx, c’est un drapeau qu’il faudrait : mais il a sans doute de bonnes raisons pour ne pas en chercher.

Nous ne croyons pas à l’avenir de sa Ligue, même si elle est encouragée par le gouvernement, comme cela est possible. On se rappelle, en effet, qu’en dépit de toutes les apparences contraires, M. Briand a déclaré qu’il y aurait des associations cultuelles. Il en jetait sûr ! Connaissait-il les projets de M. Henri des Houx, ou M. Henri des Houx connaissait-il ses désirs ? Quoi qu’il en soit, M. des Houx ne peut avoir qu’une espérance, sur laquelle il a bâti son Église, à savoir que la dévolution des biens ecclésiastiques sera faite de gré ou de force au profit de ses associations. Nous disons de gré ou de force parce qu’il est peu vraisemblable que les fabriques et les évêques fassent de bon gré entre des mains schismatiques la dévolution des biens et des menses qu’ils administrent actuellement. On cite deux cas de dévolution déjà faite : c’est peu. Et quand on connaît les situations locales, ce n’est rien. Mais admettons que l’opération se généralise, qu’arrivera-t-il le lendemain ? « Cela ne nous regarde pas, explique M. des Houx. Nous sommes des fabricans d’associations cultuelles. Nous tâchons de les constituer régulières et légales, voilà tout. » Si le sujet n’était pas aussi grave, on pourrait rappeler le mot du personnage de comédie qui disait : — Mon mariage est à moitié fait, puisqu’il suffit de mon consentement et de celui de ma future, et qu’il y a déjà le mien. — Les associations de M. des Houx peuvent être tant qu’il le voudra régulières et légales aux yeux de M. le ministre des Cultes, il n’y aura rien de fait si elles ne sont pas régulières et canoniques aux yeux des évêques et du Pape. On leur remettra les édifices du culte et les biens de l’Église ; soit encore ! et après ? Après, dit M. des Houx, « nous nous adresserons aux évêques pour avoir des prêtres. — Et si les évêques refusent ? — Ce n’est plus notre affaire, » déclare-t-il derechef. Et de qui donc sera-ce l’affaire ? En toutes choses, M. des Houx ne s’occupe que des commencemens : le reste ne le regarde plus ! Est-ce une œuvre sérieuse que celle qui ne peut pas dire et qui ne s’inquiète même pas de savoir à quoi elle aboutira ? Il semble qu’une voix mystérieuse ait murmuré à l’oreille de M. Henri des Houx : Faites des associations cultuelles, et ne vous préoccupez pas du reste. Il ne s’en préoccupe donc pas.

Il est pourtant assez facile de savoir comment, si la loi est