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respectée, se terminera cette assez pauvre intrigue. Tout repose sur la confiance que, lorsque les associations auront été constituées et nanties de grosses rentes, les évêques ne pourront et n’oseront pas leur refuser des prêtres. Il n’y a pas d’illusion plus chimérique ! Jamais les évêques ne donneront des prêtres à des associations ainsi constituées. Et alors qu’arrivera-t-il ? Il arrivera, conformément au paragraphe final de l’article 8 de la loi de 1905, que l’association attributaire n’étant plus en mesure de remplir son objet, l’attribution qui lui aura été faite pourra être contestée et le sera. Maintiendra-t-on les biens cultuels à une association incapable d’assurer l’exercice du culte ? La loi oblige à les lui retirer et à les affecter, conformément à l’article 9, à des œuvres communales d’assistance ou de prévoyance. Il ne restera alors de la grande entreprise de M. Henri des Houx que le souvenir d’un avortement. Si les biens de l’Église doivent en fin de compte lui être enlevés pour être appliqués à des œuvres laïques, intéressantes sans doute mais qui ne sont pas celles pour lesquelles ils avaient été constitués, mieux vaut aller tout de suite à ce dénouement. À quoi bon passer par le chemin mêlé de fondrières par où M. Henri des Houx promène ses associations cultuelles ? Détour bien inutile ! On ne trouvera pas des « catholiques » qui s’exposeront à devenir schismatiques pour atteindre un pareil résultat. On trouvera encore moins des évêques pour mettre des curés à leur disposition.

Si le gouvernement cherche une solution, M. des Houx ne l’a donc pas trouvée : les difficultés, les impossibilités d’application de la loi restent les mêmes. Les surmontera-t-on au moyen d’une loi différente qui se proposerait, comme quelques-uns le veulent, de dompter l’Église par la persécution, ou, comme d’autres le suggèrent plus doucement, de la réduire par l’inanition ? Non. L’église aura à traverser bien des épreuves, et nous aurions préféré les lui épargner ; mais l’État, lui non plus, ne sortira pas indemne de la lutte qui se prépare et que nous déplorons : ils se feront mutuellement beaucoup de mal, sans profit pour aucun des deux. Le jour viendra où, soit par raison, soit par lassitude, il faudra s’entendre pour vivre peut-être séparés l’un de l’autre, mais en paix. On se demandera alors s’il n’aurait pas mieux valu commencer par là, et la justice nous oblige à dire que ce n’est pas sur l’Église que retombera le reproche de ne l’avoir pas voulu.


C’est un phénomène assez curieux que, sans y avoir mis assurément aucune intention confessionnelle, les Chambres les moins religieuses que nous ayons jamais eues aient fait une loi de l’État de la