aux citoyens leurs droits, lutter sans cesse ou contre les ennemis ou contre les vices ; » la figure de l’empereur soldat, et philosophe, adversaire des Alamans et réformateur des mœurs administratives, y est tracée en deux mots, et y revit bien réelle. Quelquefois c’est plus que de la netteté ou de la précision qui apparaît, c’est une véritable finesse psychologique. On pourrait relever chez les rhéteurs gaulois des réflexions de moralistes ou de satiriques. L’un d’eux, à propos de l’empereur Maximien Hercule et de ses ambitions confuses et brouillonnes, esquisse un joli portrait de ces gens agités et chimériques, « qui ne sont jamais rassasiés des faveurs du sort, qui laissent passer sans en profiter les plus heureuses chances, qui, toujours pleins d’espoirs et vides de biens réels, ne jouissent pas du présent à force de regarder l’avenir. » Un autre raille assez malicieusement les orgueilleux qui « veulent faire croire qu’ils n’ont pas voulu ce qu’ils n’ont pu atteindre ; » c’est déjà le renard de La Fontaine avec son « Ils sont trop verts… » La recherche du trait n’a donc pas toujours égaré les Panégyristes : si elle les a souvent conduits à la subtilité, elle leur a fait trouver aussi des pensées justes, fortes ou fines.
On en peut dire autant de leur aspiration vers la grandeur : elle est fréquemment responsable de leur emphase, mais ils lui doivent aussi des passages d’une réelle éloquence, vaste sans être diffuse, majestueuse sans être forcée. Ils excellent à mettre les idées en pleine lumière, à donner à chacune l’ampleur qui lui convient, à passer de l’une à l’autre par un mouvement large et ininterrompu. Qu’on lise cette page où sont énumérés les devoirs de la puissance souveraine : « Les robes triomphales, les faisceaux consulaires, les chaises curules, l’empressement des hommages, cet éclat, cette lumière qui ceint vos têtes sacrées d’un cercle éblouissant, tout cela, c’est la splendide et auguste récompense de vos services ; mais voici quelque chose de plus grand : c’est de faire place en votre âme au soin de cet immense Etat, de vous charger du destin de l’univers entier, et, vous oubliant en quelque sorte vous-mêmes, de ne vivre que pour vos peuples : de vous tenir sur un sommet inaccessible d’où vous voyez à vos pieds et la terre et la mer, d’où vous parcourez tant des yeux que de l’âme toutes choses tour à tour, vous demandant où il y a certitude de calme ou crainte de tempête, quels magistrats rivalisent de justice avec vous, quels généraux