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FERDINAND BRUNETIÊRE


Nous avons eu la grande douleur de perdre M. Ferdinand Brunetière, directeur de la Revue des Deux Mondes.

Il s’est éteint le dimanche 9 décembre à dix heures du matin.

Sa mort n’a pas surpris ses amis. Ceux-ci s’étonnaient depuis un an qu’il put encore travailler et produire.

Il fallait l’indomptable vigueur de sa volonté, sa haute conscience du devoir, son austère conception de la vie pour que, dans le ravage et la ruine de ses forces physiques, il pût encore traiter, avec sûreté et sérénité, des questions littéraires et des problèmes contemporains.

La Revue consacrera, par la plume d’un de ses émules, une étude étendue à son œuvre vaste et variée. Mais nous ne pouvons attendre pour dire adieu à ce collaborateur depuis plus de trente ans, à ce directeur depuis plus de treize ans. Nous voulons retracer, en quelques mots rapides, les étapes de sa brillante carrière, signaler les traits principaux de cette puissante nature.

Il vit le jour en Provence en 1849. Ses débuts furent humbles et difficiles. Il vint, dès l’aube de sa jeunesse, à Paris, chercher, non la fortune, dont il n’eut jamais aucun souci, mais un champ d’emploi pour sa dévorante activité.

L’enseignement le séduisait. Il échoua au concours de l’École normale supérieure où il devait entrer quelques années plus tard comme maître et où l’attendaient, en cette qualité, d’éblouissans succès.