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en 1511, 2 560 francs en 1588, 7 500 francs en 1622, 2 700 francs en 1647, et 1 400 francs en 1689 ; à l’hôpital du Saint-Esprit ils n’étaient payés, à la même époque, que 350 francs par an et les chirurgiens 200 francs. Quant aux « maîtres-chirurgiens » de l’Hôtel-Dieu, ils recevaient 150 francs en 1445, 1 680 francs en 1561, 1 250 francs en 1620, 900 francs en 1647 et 5 400 francs on 1729.

Les brusques mouvemens de ces chiffres parisiens, d’une date à l’autre, ne correspondent nullement à ceux de la province : à Marseille, en 1338, le médecin de l’hospice, tenu à une visite par jour, touche 160 francs par an et 1 504 francs en 1414. Ce dernier traitement est celui de l’hospice d’Orléans en 1649 ; dans la même ville, en 1709, il ne dépasse pas 200 francs et celui de Mézières, en 1751, est de 135 francs. Le médecin de Nantes, qui avait 1400 francs à la fin du XVe siècle, a 2 080 francs au XVIIe, — l’appointement le plus haut que j’aie noté en dehors de Paris.

Il est clair que des fonctions aussi diversement rétribuées doivent être inégalement absorbantes ; que d’ailleurs la capacité, la réputation personnelle de chacun influait sur le traitement qui lui était alloué, et qu’enfin la valeur courante des médecins, le prix des visites, a varié comme toute autre valeur, suivant l’offre et la demande, d’une date à l’autre. De ces trois causes, générales ou particulières, qui ont déterminé le taux des appointemens, nous ne savons pas exactement dans quelle mesure chacune a dû agir.

Rien n’indique toutefois que les hommes de l’art aient enchéri jusqu’à la fin du XVIIIe siècle et, de ceci, il est aisé de se convaincre en les suivant dans la même ville à travers les âges : à Soissons, le médecin de l’hospice, en 1600, touche 470 francs par an ; en 1663, 130 francs ; 162 francs en 1732 et 228 francs en 1781. A Bordeaux, 1 350 francs en 1644, et 933 francs en 1769 ; à Boulogne-sur-Mer, 860 francs en 1606, 350 francs en 1685, 675 francs en 1729 et 228 francs en 1781.

Ce médecin de l’hospice était parfois aussi le médecin communal et… obligatoire. La commune ancienne réglementait beaucoup de choses, qui aujourd’hui demeurent libres pour les habitans ; d’autres choses au contraire sont aujourd’hui réglementées, qui autrefois ne l’étaient pas. Même l’immixtion du pouvoir public local dans la vie privée avait été plus grande, au