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peine à le faire. Si la déclaration n’a aucune importance pour l’État, elle ne semble pas en avoir davantage pour l’Église. Le refus du Pape a causé à peu près partout une surprise extrême. Et c’est précisément parce que la rupture définitive s’est produite à propos d’un fait insignifiant en soi qu’on a de la peine à s’expliquer ce qu’a eu d’impérieux l’exigence de l’État et d’absolu l’intransigeance de l’Église. Il est bien difficile de s’entendre, lorsqu’on est si loin même de se comprendre.

Parmi les actes auxquels le gouvernement s’est laissé emporter, il n’en est pas de plus condamnable, nous ne disons pas que l’expulsion de Mgr Montagnini, mais que la mainmise sur les archives dont il était le gardien. L’expulsion est une mesure brutale qui se rattache à la série de brutalités par lesquelles M. Combes avait procédé à la rupture avec le Saint-Siège. Son moindre défaut est d’ailleurs d’être inutile. S’il est vrai que Mgr Montagnini servait d’intermédiaire entre le Vatican et le clergé français, on en trouvera aisément un autre qui, pour être moins apparent, n’en sera ni moins actif, ni moins efficace. Le gouvernement ne l’ignore pas, mais il a voulu répondre par une offense directe et personnelle à l’interdiction du Pape relative à la déclaration. C’est de la déplorable politique : elle aggrave les choses, au lieu d’en atténuer l’acuité. Toutefois, si le gouvernement s’était contenté d’expulser Mgr Montagnini, on aurait pu croire qu’il avait voulu donner satisfaction à la violence de quelques-uns de ses amis, et peut-être se dispenser de faire davantage : mais alors il aurait dû mettre, en présence du prélat italien, les scellés sur les archives de la nonciature et montrer par là sa ferme volonté de les respecter. Il a fait le contraire, il s’est emparé des archives. Nous savons bien qu’il a protesté de son intention de ne conserver et de n’utiliser de tous ces documens que la partie postérieure à la rupture avec le Vatican. Il y cherchera sans doute les élémens d’un complot contre les lois du pays, et il en trouvera certainement d’aussi sérieux que ceux sur lesquels, à la veille des élections législatives, il a échafaudé un autre complot dont il n’a plus été question depuis. Quant à la partie des archives antérieure à la rupture, le gouvernement déclare qu’elle est sacrée pour lui ; il n’y touchera pas ; il n’y jettera pas les yeux. On nous pardonnera de ne pas dire ce que nous pensons de ces belles assurances : une sorte de pudeur nous retient à l’égard de l’étranger. Des magistrats sont chargés défaire le triage des dossiers : ils sont assistés par un diplomate dont on se demande si sa présence est une garantie, ou le contraire. À quoi bon insister ? Tout est fâcheux dans cet