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nans. » MM. Fabre-Domergue et Potigny, entre temps, avaient déposé leur rapport de mission en Portugal et en Espagne, rapport que l’administration de la marine, quand elle en connut les conclusions, ne mit aucun empressement à publier. Ces conclusions ne différaient pas beaucoup en effet de celles qu’avait adoptées l’Union des fabricans ; on les pressentait favorables à la thèse de la liberté du régime des pêches et l’on ne se trompait pas, comme il apparut dans la séance du 16 mars 1906, où le ministre dut reconnaître lui-même « la nécessité de rechercher par des essais nombreux (ces essais n’étaient-ils donc pas déjà faits ? ) un engin du type des filets espagnols permettant aux pêcheurs un gain mieux approprié à leurs efforts. » M. Thomson ajoutait bien, et assez raisonnablement d’ailleurs, que, s’il était indispensable que les pêcheurs renonçassent, « dans la mesure du possible, à leurs anciens engins » et, « abandonnant une routine funeste, » fissent l’expérience d’ « engins nouveaux, » une réforme de l’usine n’était pas moins indispensable.

« Il n’est pas admissible, disait-il, qu’on s’efforce de restreindre la pêche et d’éviter qu’il y ait un nombre trop considérable de poissons à usiner. C’est le contraire qui doit se produire, et, si l’industrie sardinière prend en ce moment en Espagne un merveilleux développement, c’est précisément parce qu’on y organise les usines pour mettre en œuvre toute la quantité de poissons qu’on peut pêcher. On n’arrête pas à un moment donné la pêche sous prétexte de maintenir certains prix, en menaçant les pêcheurs de ne plus leur acheter de poisson. »

Cela est vrai ; mais, pour que les fabricans puissent donner toute l’extension convenable à leurs usines, il faut qu’ils ne soient plus exposés, quand ils font, comme en Espagne et en Portugal, une économie compensatrice de main-d’œuvre par l’emploi de machines perfectionnées, à voir ces machines brisées, leurs ateliers pillés et incendiés. Le fait, on le sait, se produisit à Douarnenez, et il est de ceux dont on peut prédire le renouvellement presque à coup sûr. C’est une étrange erreur, au surplus, de croire qu’en affectant de frapper l’usine et de lui imposer d’office certaines réformes dispendieuses, on obtiendra l’assentiment des pêcheurs à un relâchement de la législation maritime. Dans son dernier congrès, la Fédération des marins sardiniers émettait encore le vœu « que l’essai de tout engin nouveau, espagnol ou non, ne fût pas fait en 1906. » Pour quelles raisons ? Parce que,