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supplie, monsieur le comte, de vouloir bien mettre aux pieds du Roi, ma vive reconnaissance. Si elle a vu des lacunes, des oublis dans mon ouvrage, elle voudra bien excuser un étranger, séparé de son livre et seul avec sa conscience et sa mémoire. Je me sentais disposé, appelé, entraîné à défendre sa cause qui me semble celle de l’ordre social. Du côté du zèle et des intentions, je puis défier le meilleur royaliste français.

« Je suis enchanté, monsieur le comte, que cette affaire m’ait mis en correspondance avec vous ; vous êtes si connu, si intéressant par votre noble dévouement à la cause et à la personne du Roi, que je regarde comme une bonne fortune le plaisir de faire votre connaissance, comme on peut la faire de loin. Il ne pouvait rien m’arriver de plus heureux que d’obtenir l’approbation du Roi, et d’en être assuré par vous.

« Je suis avec une respectueuse considération, monsieur le comte, votre très humble et très obéissant serviteur. — LE COMTE DE MAISTRE.


« P.-S. — Vous pouvez m’écrire très sûrement, monsieur le comte, sous le couvert de M. le comte de Hauteville, chevalier grand-croix des Ordres Royaux de Saint-Maurice et de Saint-Lazare, Turin. Je vous prierai seulement de mettre un cachet de fantaisie, et de faire mettre votre lettre à la poste dans quelque bureau de Suisse, comme Berne ou Lausanne, ce qui vous sera très aisé. »


Cette lettre où Joseph de Maistre parle de sa misère avec une si noble simplicité et sollicite de Louis XVIII les moyens d’y remédier, était à peine partie qu’il regretta d’avoir promis à d’Avaray de mettre à son livre un post-scriptum rectificatif. Ce regret apparaît nettement dans la première partie de celle qui suit. Il se résigna cependant à tenir sa promesse et, sans attendre une réponse à la demande qu’il avait adressée au Roi le 30 août, il envoyait à d’Avaray, le 6 septembre, en même temps qu’à son imprimeur de Bâle, une copie de ce post-scriptum arraché, plus encore qu’à sa conviction, à son désir de ne pas se mettre en contradiction avec le roi de France.


« Turin, 6 septembre 1797. — Le croiriez-vous, monsieur le comte ? lorsque j’ai voulu dégager ma parole et composer ce