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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 37.djvu/735

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En même temps, on vit apparaître des tentatives plus générales, telles que le Volapuck et l’Espéranto, pour constituer une langue universelle, construite artificiellement, et destinée à servir d’instrument aux relations internationales. Ce n’est pas ici le lieu de parler de ces tentatives, pas plus que des notations symboliques des mathématiciens et des chimistes, sortes de langages idéographiques, que chaque initié comprend et traduit dans son propre idiome.

Mais il convient de revenir à notre sujet, je veux dire à la réforme de l’orthographe française. On va rappeler d’abord quelques-unes des critiques les plus autorisées, parmi celles que l’on adresse aujourd’hui à notre langue ; puis on signalera les propositions de réformes désignées sous le nom spécieux, mais illusoire, de « simplifications. » On discutera les méthodes suivies pour dresser le tableau de ces modifications, et surtout les procédés destinés à les imposer.


II. — LES RÉFORMES PROPOSÉES

Réforme des mots, réforme des syllabes, réforme des lettres, et, pour un avenir plus ou moins voisin, laissé dans l’ombre, réforme de la grammaire : telle est l’étendue des réformes agitées en ce moment, en vue d’une réalisation réputée nécessaire. Seule la réforme du système général des signes, qui ont joué un si grand rôle dans l’histoire du langage humain n’est pas encore mise en cause, au moins devant les conseils ou corps réputés compétens.

Le programme actuel est suffisamment vaste, du moment où l’on se propose d’attaquer la pratique commune. Il convient d’examiner d’abord quels principes généraux présideraient aux réformes proposées.

Ces principes peuvent être réduits à deux : l’étymologie, et le phonétisme ; leur application a été modifiée d’ailleurs, d’après diverses considérations de fait, envisagées comme « principes secondaires. »

Le principe étymologique est évidemment le moins important des deux : il a été suivi d’abord, d’après une vue assez étroite des choses, au moment de la Renaissance, ainsi qu’il a été dit plus haut. Les lettrés d’alors, transportés d’enthousiasme pour la culture antique, y voyaient la source essentielle