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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 38.djvu/917

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de Jérusalem, et qui a été un des premiers à donner une description complète du Haut-Lieu de Pétra, dit dans sa savante notice[1] :

« Le sanctuaire par excellence des Sémites paraît avoir été dès la plus haute antiquité le Bâmah, qu’on appelle communément le Haut-Lieu. C’était une enceinte sacrée, un haram formé de grosses pierres brutes qu’on disposait en quadrilatère ou en cercle, le plus souvent au sommet d’une montagne ou d’une colline, quelquefois auprès d’une source, sous un groupe de vieux arbres ou dans tout autre endroit, célèbre par quelque tradition, d’autant plus sacrée qu’on en percevait moins l’origine. Au centre de l’enceinte était communément dressé l’autel, un gros bloc fruste, à surface plane, ou bien deux pierres levées avec une troisième placée au-dessus en forme de table : parfois même, c’était simplement un rocher voisin qu’on destinait à cet usage sacré. Au-dessus, on avait pratiqué généralement de petits godets réunis par des rigoles.

« Les patriarches ne connurent point d’autres temples que ces autels dressés en plein air, et longtemps encore après leur entrée dans la Terre promise, les Israélites immolèrent au Seigneur sur les Hauts-Lieux, sans que leur culte revêtît pour cela un caractère idolâtrique. »

S’appuyant sur d’ingénieuses déductions tirées, soit de l’histoire, soit d’inscriptions, le même auteur croit pouvoir dater le Haut-Lieu de Pétra (tel qu’il est maintenant) du règne d’Arétas Philopatris (environ 9 avant J.-C. à 40 après), et pense aussi que la divinité qui y était adorée était le grand Douchara, seigneur de la contrée.

Ce sanctuaire est placé au sommet du Zabé’Atouf, montagne dominant le théâtre sur la rive gauche de l’Ouady Mouça à son débouché dans le cirque. Cette montagne se dresse toute droite à une hauteur de près de deux cents mètres, inabordable sur toutes ses faces, sauf du côté du Sud. Le désordre des roches est inexprimable. Des blocs énormes, détachés des sommets, sont venus rouler jusque dans les bas, culbutant des tombes. D’autres, arrêtés à mi-route, restent comme suspendus, jusqu’au jour où une pluie un peu plus violente, un vent un peu plus fort aura secoué la masse, désagrégé les minces points d’appui sur lesquels

  1. Revue biblique, avril 1903.