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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/375

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recensement exécuté sur l’ordre d’Hilmi Pacha, 42 700 individus se sont déclarés Serbes, notamment dans les cazas du Nord, ceux de Kruchevo, de Perlepé et de Debra ; en outre, 51 078 n’ont pas osé, par crainte des bandes bulgares, se déclarer Serbes, mais ils se sont fait inscrire comme Slaves patriarchistes et ils demandent l’ouverture d’écoles serbes ; 22 100 sont du caza de Monastir, 18 300 du caza de Florina, 10 600 du caza de Kastoria. A mesure que les bandes bulgares disparaîtront et que la propagande serbe s’organisera, ces indécis n’hésiteront plus à se déclarer Serbes. D’autres suivront encore qui, aujourd’hui, ne sont retenus que par la terreur sous la juridiction de l’exarchat. Les Bulgares sont donc mal fondés à se donner comme les seuls représentans de la race slave dans la Macédoine au Sud du Char. C’est pour le leur prouver et pour réconforter leurs frères, que les Serbes se sont résignés à organiser, eux aussi, des bandes : les Slaves macédoniens, depuis qu’ils se sentent appuyés, craignent moins de manifester leurs préférences. Les Serbes souhaitent une autonomie de la Macédoine sous un gouverneur chrétien, mais ils croient, comme les Grecs, qu’il faudrait procéder d’abord à une nouvelle délimitation et rattacher directement la Vieille-Serbie au royaume serbe. En tout cas, quel que soit l’avenir de la Macédoine, la Serbie ne saurait s’en désintéresser ; s’il y a partage, elle a droit à sa part ; s’il y a autonomie, elle a confiance que, laissée maîtresse de ses destinées, la Macédoine ne deviendra pas un pays bulgare et entretiendra avec elle des relations d’amitié fraternelle.


V

Si les « Roumains de Turquie » sont des nouveaux venus dans la politique européenne, ils sont, au contraire, de très anciens habitans de la Macédoine : il faut les entendre, à leur tour, exposer leurs titres.

Depuis la conquête de la Macédoine par Paul-Émile jusqu’à l’époque de Justinien, et même beaucoup plus tard, la Macédoine a parlé latin. Des colonies latines se sont établies dans toutes les plaines fertiles de la péninsule des Balkans et du Danube : en Macédoine, en Mésie, en Dacie. Comment ces colonies si nombreuses auraient-elles disparu sans laisser de traces ? Les descendans de ces colons romains et de ces Macédoniens latinisés, ce