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tard, prendre une part si honorable, n’eut point, comme vis-à-vis, une « conférence de la paix. »

Dès que fut signé le traité de Portsmouth, en septembre 1905, l’empereur Nicolas II, tant pour revenir à ses aspirations pacifiques que pour marquer la sincérité des raisons invoquées par son gouvernement contre la proposition Roosevelt de 1904, adressa au président des États-Unis un message personnel. Dans ce message, il lui exprimait le désir qu’il éprouvait, — ayant convoqué la première conférence de La Haye, — de convoquer la seconde. Il lui demandait en un mot de lui rendre la paternité de son idée. Avec une parfaite courtoisie, M. Roosevelt répondit qu’il s’effaçait très volontiers devant « le promoteur de l’arbitrage ; » et dès la fin de septembre, le gouvernement impérial de Russie envoya aux puissances une circulaire d’invitation dans laquelle il se réservait de « présenter ultérieurement le programme détaillé des questions à soumettre à la conférence. » Il marquait cependant son intention de ne pas poser, comme en 1898, le problème de la réduction ou de la limitation des armemens et de s’occuper exclusivement des « difficultés soulevées par la dernière guerre. » La méthode russe devenait expérimentale et invoquait, au lieu d’argumens de principe, des raisons d’intérêt.

Le 3 et le 4 avril 1906, le programme annoncé fut communiqué aux puissances par les ambassadeurs de Russie. Les trois notes relatives à ce programme n’ayant pas été intégralement publiées, il est intéressant de les analyser exactement. L’une plaçait la seconde conférence sous les auspices de la première, non sans signaler toutefois les différences essentielles qui l’en séparaient. On y lisait en effet : « Le gouvernement impérial estime qu’il n’y a lieu actuellement que de procéder à l’examen des questions qui s’imposent d’une façon particulière en tant qu’elles découlent de l’expérience de ces dernières années, sans toucher à celles qui pourraient concerner la limitation des forces militaires ou navales. » La note indiquait ensuite qu’il y avait lieu « d’étendre le plus possible le nombre des États participant aux travaux de la conférence projetée. » Et, sans prétendre formuler un programme exclusif ou définitif, elle proposait à l’attention des puissances les questions suivantes : améliorations à apporter à la procédure relative au règlement pacifique des conflits internationaux (arbitrage et commissions internationales