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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/896

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afflué, des horizons nouveaux se sont ouverts à l’activité des armateurs et des négocians ; les transactions se sont multipliées, les produits s’achetant avec les produits ; le fret devenu plus abondant s’est trouvé tout de suite moins cher ; de là un remarquable accroissement de trafic et un redoublement de vie commerciale. Aussi peut-on affirmer sans crainte d’être taxé d’exagération que cet organisme a exercé une influence heureuse sur la prospérité économique de ces pays.

De 1870 à 1899, Hambourg a progressé de plus de 6 millions de tonnes, Gênes de plus de 3 millions, Brème de 1 750 000 ; pendant ce temps, si Marseille présente un gain de 2 750 000 tonnes, le Havre ne s’est accru que de 969 000 tonnes, et Bordeaux de 457 000. Les résultats de l’expérience sont donc concluans et justifient d’une façon indéniable l’établissement de la franchise. Notre intérêt nous commande de mettre à profit cette institution, afin de donner une impulsion salutaire à notre commerce extérieur et de ranimer notre marine marchande.

Pourquoi ne le faisons-nous pas ? Uniquement parce que chez nous la Chambre des députés perd son temps et abuse du nôtre en interpellations inutiles, oiseuses et qui, malheureusement, passionnent l’opinion publique et servent d’aliment journalier et facile à une presse désireuse de soutenir la curiosité de ses lecteurs sans grands efforts pour ses rédacteurs. Les avertissemens n’ont cependant pas manqué. M. Charles-Roux a traité longuement ces sujets dans ses rapports sur les budgets du ministère du Commerce de 1897 et 1898, dans son livre de la même époque sur la marine marchande, enfin dans sa brochure plus récente sur les meilleures conditions de l’établissement d’un port franc, travail aussi remarquable par son côté historique que par ses conclusions pratiques. Le comité des conseillers du Commerce extérieur avait, dès 1899, constitué une commission spéciale pour l’étude de la création de zones franches, non seulement dans la Métropole, mais encore dans les colonies. M. Ch. Depincé fit à cette occasion un rapport concluant qu’il compléta encore en 1903 ; puis ce fut le tour de M. Anatole Lévy en 1905. Du côté de la Chambre des députés, deux propositions de loi furent déposées en 1899, l’une par M. Brunet, l’autre par MM. Thierry, Rispal, Brindeau et Jourde. Enfin le gouvernement lui-même déposa, le 4 avril 1903, un projet mûrement étudié, signé par M. Trouillot, ministre du Commerce, M. Rouvier,