de survivre, et de finir par imposer sa prépondérance, parmi une masse d’animaux qui, naturellement, ne le craignaient point, et dont beaucoup possédaient une force et une agilité corporelles très supérieures aux siennes. On peut s’expliquer encore, à la rigueur, la résistance, — cependant assez singulière, — de la race des singes : leur aptitude à sauter rapidement de branche en branche, l’adresse de certains d’entre eux à lancer des projectiles, le caractère tout particulier de rapidité propre à leurs mouvemens, tout cela, sans doute, leur aura permis d’affronter avec avantage la lutte pour la vie. L’homme primitif, lui, était infiniment plus désarmé, au point de vue matériel. « S’il ne s’était agi que d’un simple conflit entre une classe d’animaux et les autres classes, l’issue de ce conflit ne pouvait faire aucun doute : l’homme aurait disparu de la face du globe, ou, en tout cas, se serait réfugié dans de lointaines régions vides d’animaux. Et le fait qu’il n’en a pas été ainsi, mais que l’homme, au contraire, a réussi à devenir un objet d’effroi pour des créatures beaucoup mieux équipées, et plus actives, et plus hardies que lui, ce fait nous atteste que l’homme, dès l’origine, a été doué du même pouvoir cérébral qui toujours, depuis lors, l’a rendu victorieux du reste du monde… Et ainsi, aujourd’hui encore, l’Esquimau et le Groënlandais, à peine mieux armés qu’a dû l’être l’homme primitif, se trouvent être les maîtres de l’ours polaire ; et les pygmées de l’Afrique centrale sont aussi redoutés des grands fauves de leurs forêts que nos chasseurs le sont des lapins de nos bois. » De tout temps il y a eu, chez l’homme, un pouvoir mystérieux, d’ordre purement spirituel, qui ra mis à part, et au-dessus, du monde animal.
T. DE WYZEWA.