Bulgarie de l’autre. Et sans doute on aurait vu la guerre sortir de cet antagonisme, si le territoire turc et les détroits neutres ne s’interposaient entre les adversaires.
Les raisons du conflit gréco-roumain ressortent de ce que nous avons dit, dans la première de ces études, sur la question des Koutzo-Valaques. La constitution d’une nationalité roumaine en Macédoine atteignait les Grecs dans leurs intérêts les plus chers ; elle menaçait de leur enlever la meilleure partie des élémens qui représentent, en Macédoine, l’hellénisme. Quand l’iradé impérial du 23 mai 1905 eut donné une existence légale à la nationalité roumaine en Turquie, le royaume de Grèce et le patriarcat unirent leurs efforts pour combattre le roumanisme : le patriarche Joachim III mit les armes spirituelles au service de l’hellénisme, tandis que les bandes se chargeaient d’exercer les sévérités du bras séculier. Les bandes grecques, venues pour la plupart du royaume, commandées par des officiers de l’armée régulière, encouragées par les consuls, — ces faits, à peine contestés par les Grecs, sont prouvés par de nombreux témoignages, — tout en travaillant à conquérir du terrain sur les Bulgares, ne négligent pas d’user d’intimidation, de violences et de meurtres pour empocher le mouvement roumain de s’étendre. Plusieurs proclamations de chefs d’antartes grecs, officiers de l’armée hellénique en congé, ont été publiées : elles menacent de mort les « frères helléno-valaques » qui persisteraient à se dire Roumains et à vouloir prier Dieu en langue roumaine.
Les Roumains de Turquie, molestés et persécutés, crièrent leur détresse à ceux du royaume. Un échange de notes diplomatiques commença, où le gouvernement de Bucarest rendait celui d’Athènes responsable des crimes des bandes grecques ; il l’accusait, non seulement de ne les avoir pas empêchées de passer la frontière, mais encore d’avoir connu et facilité leur formation sur le territoire même du royaume. Le patriarcat qui, par le Takrir du 16 juin (vieux style) 1889, avait admis l’office en langue roumaine, revenait sur cette concession et se montrait absolument réfractaire à toute tolérance ; le gouvernement roumain, alléguant l’étroite dépendance du patriarche vis-à-vis des riches banquiers phanariotes et du gouvernement royal, se jugeait en droit de rendre ce dernier responsable du revirement du pouvoir spirituel et des mesures prises contre les prêtres roumanisans. Les Grecs, naturellement, déclinaient toute