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REVUES ÉTRANGÈRES

À PROPOS D’UN LIVRE NOUVEAU SUR CORRÈGE


Correggio : des Meisters Gemælde in 196 Abbildungen, avec une introduction et des notes par Georg Gronau ; 1 vol. grand in-8o, Stuttgart, 1907.


Par la qualité d’une centaine de ses tableaux, le musée Brera de Milan est, sans aucun doute, l’un des premiers de l’Italie et de l’Europe entière. Les Vénitiens, notamment, depuis Jean Bellin et Cima jusqu’à Tintoret, nous y montrent des œuvres à la fois plus parfaites et plus originales que celles qu’ils ont à nous faire voir dans leur patrie même : pour ne rien dire des maîtres lombards, Borgognone, Luini, Gaudenzio Ferrari, ces musiciens de la peinture, qui nous ont laissé là le plus pur de leur cœur, et dont nulle autre part nous ne pouvons mieux entendre la douce, voluptueuse, ou rêveuse chanson. Égal aux plus beaux du monde par sa qualité, l’admirable musée milanais n’a contre lui que sa quantité. Il était trop vaste déjà, avec trop de tableaux, mais surtout trop de salles et de corridors, lorsque, il y a six ou sept ans, on s’est avisé de l’agrandir encore de près de moitié : sous sa forme présente, je ne connais pas de musée qui fasse payer plus chèrement la vue de ses chefs-d’œuvre. Et j’imagine que maint visiteur, après s’être rempli les yeux de l’ardent coloris de Bonifazio et de Véronèse, après avoir écouté l’exquise musique des fresques de Borgognone et de Ferrari, hésiterait à s’engager dans l’enfilade inquiétante des salles récemment ouvertes, si le catalogue ne lui promettait, au terme et en compensation de ce long voyage, le double n’gal d’un Corrège et d’un Raphaël.