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de la plus puissante société cinématographique qu’il y ait peut-être au monde, la Compagnie générale des cinématographes.

Au premier abord, l’immensité des bâtimens, qui couvrent une surface de 10 000 mètres carrés environ, peut paraître exagérée ; mais, à la réflexion, on se rend facilement compte que si, par elle-même, la fabrication des appareils cinématographiques est peu de chose, il ne peut en être ainsi pour celle des films, le public exigeant toujours des scènes nouvelles, quelles qu’elles soient. Pour les lui offrir, il faut donc avoir recours à la représentation théâtrale, et, dès lors, avant tout, une usine cinématographique doit renfermer un théâtre avec tous ses accessoires : décors, machines, loges, dessous, foyer, et, bien entendu, ce théâtre devra faire appel à des artistes de talent, les costumes devront être irréprochables et bien appropriés au sujet, etc. Après le théâtre, l’usine devra comprendre : 1° une série d’ateliers pour la perforation des bandes, la fabrication des positifs, le développement des négatifs pris au théâtre ou au dehors (certaines maisons, même, n’hésitent pas à envoyer des praticiens dans tous les points du monde où des scènes intéressantes méritent d’être prises sur le vif). Notons, en passant, qu’aujourd’hui toutes ces manipulations se font presque automatiquement, ce qui explique comment, à Joinville, on peut arriver à fabriquer quotidiennement 30 kilomètres de films, soit un million et demi par jour, environ, de photographies différentes ; — 2° une série de bâtimens pour la fabrication des cinématographes et des chronophotographes ; — 3° le stock, c’est-à-dire une construction spéciale, soigneusement isolée, gardée comme une poudrière, où s’entasse la matière première indispensable, la pellicule de celluloïd, que l’étranger nous fournit toute sensibilisée. Le stock de la Compagnie générale contient, paraît-il, 30 000 kilogrammes, en moyenne, de celluloïd, répondant à 3 600 000 mètres de bande et qui, à raison de 240 francs le kilogramme (on comprend maintenant le prix élevé des films), représentent une valeur de 7 200 000 francs ; — 4° un groupe électrogène, destiné à fournir la force et la lumière nécessaires, avec les annexes indispensables pour la fabrication et la réparation des dynamos, la réparation des machines, etc. ; — 5° enfin, les bureaux, les laboratoires de recherches, etc., etc. D’ailleurs, l’invention du cinématographe parlant va, plus que jamais, indissolublement lier la fabrication du cinématographe à