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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/628

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ŒUVRES SOCIALES DES FEMMES

III.[1]
LA FAMILLE


II. — LA JEUNE FILLE OUVRIÈRE

La petite fille est devenue jeune fille. Elle travaille maintenant ; c’est une ouvrière : c’est l’ouvrière parisienne.

Il s’est créé autour de l’ouvrière parisienne une manière de légende, charmante et fausse comme toutes les légendes. Habillée d’un rien, et, si modeste que soit son vêtement, toujours séduisante par sa démarche légère, sa frimousse amusée, ses gestes si vifs, son rire si gai, l’ouvrière est la joie de Paris et l’une de ses plus jolies parures. Du moins, on le dit communément, et l’on dit aussi qu’elle est une petite fée qui tisse des merveilles, tout en se nourrissant de l’air du temps. On la compare à un oiseau insouciant, toujours heureux, pourvu qu’il chante ; on s’attendrit, parce qu’elle déjeune d’un morceau de pain sous les arbres des Tuileries ; on l’envierait presque ; on lui trouve des noms nouveaux et pittoresques ; on l’appelle midinette ; les poètes l’ont de tout temps célébrée, et elle demeure à travers les générations, avec d’insignifians changemens, la Mimi-Pinson de Musset, ou la Jenny au pot de fleurs.

La réalité est moins belle, et devrait être mieux connue, On a beaucoup écrit cependant sur la jeune ouvrière, sur les conditions pénibles de son existence, et sur les redoutables

  1. Voyez la Revue du 1er février et du 15 mars.