moyens de défense et que, dans cette lutte inégale, l’Église ne perde encore de son influence sur les âmes ? Avant de lancer le Décret, le Pape s’est certainement demandé quelles en seraient toutes les conséquences, et il a dû prévoir qu’on l’accuserait d’enfermer l’Église dans le passé, alors que le monde marche vers l’avenir. Mais cela ne l’a pas arrêté. A-t-il eu tort ? a-t-il eu raison ? On ne le saura que plus tard. Toutefois, il est juste de reconnaître que, si le Décret est une œuvre doctrinale sévère, rigoureuse, intransigeante, il est, au point de vue des personnes, une œuvre circonspecte, nous allions dire charitable. Il dénonce des erreurs, il ne vise pas ceux qui les ont commises, bien qu’on puisse quelquefois les deviner. Il y a des noms dont on a beaucoup parlé depuis quelque temps et qui se présentent naturellement à la mémoire : mais mieux vaut imiter la discrétion du Décret et n’en prononcer aucun.
Parmi les propositions condamnées, quelques-unes sont si évidemment erronées aux yeux des catholiques qu’on se demande s’il était bien nécessaire de les mentionner : en revanche, il n’y avait aucun inconvénient à le faire, et si le Décret n’en contenait que de celles-là, sa banalité ne susciterait aucune objection. Voici quelques-unes de ces propositions : « Le magistère de l’Église ne peut déterminer par des définitions dogmatiques le sens propre des Saintes Écritures. — L’Église, quand elle proscrit les erreurs, ne peut exiger des fidèles l’assentiment intérieur aux jugemens portés par elle. — Ceux qui croient que Dieu est vraiment l’auteur de l’Écriture sainte montrent une trop grande simplicité ou ignorance. — Dans plusieurs de leurs récits, les évangélistes ont moins cherché à rapporter la vérité qu’à dire des choses qu’ils croyaient, quoique fausses, plus profitables aux lecteurs. — L’Église se montre incapable de défendre la morale évangélique, parce qu’elle se tient obstinément attachée à des doctrines immuables, incompatibles avec les progrès modernes. » Nous pourrions en citer vingt autres encore auxquelles l’Église catholique ne pourrait acquiescer sans abdiquer et se suicider. Elles se résument d’ailleurs dans cette dernière qui clôt le document et le résume : « Le catholicisme actuel ne peut s’adapter à la vraie science à moins de se transformer en un christianisme non dogmatique, c’est-à-dire en un protestantisme large et libéral. » Il va de soi que le catholicisme ne saurait permettre de dire que, pour vivre, il dût se changer en protestantisme. Sur tous ces points, le Décret a raison de protester ; mais sur d’autres, il aura quelque peine à obtenir le même acquiescement de la part de tous les catholiques. On éprouve, par exemple,