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quelque étonnement à lire, parmi les propositions condamnées, celle qui suit : « L’inspiration divine ne s’étend pas à toute l’Écriture sainte de manière à en garantir toutes et chacune des parties de toute erreur. » Beaucoup de catholiques ont cru jusqu’ici que l’inspiration divine avait eu pour objet de nous révéler quelques vérités auxquelles nous ne pouvions pas atteindre par le seul effort de notre esprit, mais nullement de nous enseigner l’histoire, la géographie, l’histoire naturelle, ni même la syntaxe. Ils ont cru que, sur tous ces points, les rédacteurs des Écritures avaient parlé avec la science, de même qu’avec la langue de leur temps, et qu’il n’y avait eu là rien d’immuable et d’inaltérable. Ils ont cru qu’à l’exemple du Christ lui-même qui, bien qu’il fût Dieu, était homme en même temps et participait à toutes les infirmités humaines, les Écritures, bien qu’elles continssent un dépôt sacré de vérités, n’en étaient pas moins sujettes, en ce qui concerne leur forme matérielle, aux conditions inhérentes à toutes les œuvres écrites, et qu’on pouvait dès lors y relever des erreurs qui n’intéressaient au surplus ni le dogme, ni la morale. Leur serait-il interdit de le croire encore ?

Que faut-il penser de la proposition suivante qui est condamnée : « La critique ne peut attribuer au Christ une science sans limite que par une hypothèse qui ne peut se justifier historiquement et qui répugne au sens moral, à savoir que le Christ, en tant qu’homme, a eu la science de Dieu et que, néanmoins, il n’a pas voulu communiquer à ses disciples et à la postérité cette science qu’il avait de tant de choses ? » On a raison de condamner cette proposition, car elle n’a pas le sens commun. Plaçons-nous dans l’hypothèse catholique. Si le Christ a eu une science sans limite, il est évident que ce n’est pas en tant qu’homme, mais en tant que Dieu ; mais qu’il l’ait eue à un titre ou à un autre, qu’importe ? On ne voit pas pourquoi il aurait fait part de cette science à ses disciples et à la postérité. Assurément, il n’était pas venu dans ce monde pour cela. Son but, encore une fois, n’avait pas été d’enseigner aux hommes l’astronomie, l’histoire naturelle, la physique, la chimie, enfin toutes les sciences qui relèvent de leur propre raison et qu’ils devaient découvrir peu à peu par un long effort. Cela ne valait pas la peine qu’il se fit homme et qu’il mourût sur la croix : aussi sa mission était-elle tout autre. Et pourquoi demander à l’ensemble des Écritures saintes ce qui n’est pas et ce que nous ne cherchons pas dans l’Évangile ? Pas plus que le Christ, Moïse et les prophètes ne nous ont rien appris sur les sciences humaines. Dès lors, il est difficile d’admettre que « l’inspiration divine s’étende à toute