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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/80

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surtout commode. Je voudrais en finir avec ce livre, parce que j’ai autre chose en tête qui s’y rattache, à la vérité, d’une manière assez étroite, mais qui, cependant, voulait être traité à part. C’est, je crois, une découverte d’histoire naturelle, ressortant de recherches linguistiques pures…

A. DE GOBINEAU.


Francfort-sur-Mein, 8 janvier 1855.

… Mes deux derniers volumes sont sous presse. Ils paraîtront pendant mon absence et je vous les recommanderai avant de partir, non pas pour eux, mais, comme vous me l’avez dit vous-même, pour leur père. Je ne suis pas, d’ailleurs, sans quelque espérance que les jours où vous aurez de l’humeur contre le siècle, vous ne soyez tenté d’être un peu de mon avis ; dans tous les cas, vous ne douterez pas que cet avis-là ne soit, pour moi, vérité mathématique bien démontrée et, à ce titre, vous me le pardonnerez. Il n’est pas ce qu’on peut appeler gai ; mais qu’est-ce qui est gai ?…

A. DE GOBINEAU.


Compiègne, le 19 janvier 1855.

Vous devez être arrivé à Paris maintenant, et je voudrais y être moi-même, mon cher ami, pour vous serrer la main et vous souhaiter toutes sortes de prospérités dans le grand voyage que vous allez entreprendre. Mais je n’arriverai pas encore immédiatement dans cette ville, et quand je viendrai le mois prochain m’y établir, je crains bien que vous ne soyez déjà décampé. Recevez donc mes adieux par écrit, puisque je ne puis les faire autrement. Mes vœux n’en sont pas moins vifs et sincères pour être sur le papier. Je savais depuis longtemps, qu’il était question pour vous de cette mission et, bien que j’eusse préféré en être instruit par vous-même, je n’en désirais pas moins vivement vous voir réussir ; car, dans votre métier comme à l’armée, les campagnes comptent et, en général, les plus rudes assurent le plus de, droits. Tenez-moi, je vous prie, au courant de vos faits et gestes ; j’ai une vieille habitude de m’intéresser à vous que je ne puis pas perdre.

Vous me traitez avec beaucoup trop d’honneur en me disant que j’ai jeté mon neveu dans la carrière diplomatique. Il s’y est bien jeté tout seul ; je ne l’y ai aidé qu’indirectement, et quand