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maintenant son terminus sur la rivière Mossaka, qui se jette dans le Congo en aval du confluent de la Sanga ; il compte environ 850 kilomètres.

On comprendra que nous n’entrions pas ici dans des détails techniques ; retenons toutefois un principe qui a été formulé par le commissaire général, lors de l’envoi de la mission Cambier. Il ne s’agit pas ici d’un chemin de fer « portage, » pareil à celui du Congo belge ou encore à celui qui réunira l’Oubangui au Chari : cette voie de pénétration doit être établie sans frais disproportionnés pour la colonie, car elle peut desservir sur son parcours des régions habitées et susceptibles de lui fournir des marchandises. Rien n’est plus judicieux que cette résolution, aussi croyons-nous que la ligne devra viser au cœur du pays pahouin, où vivent, parmi des richesses forestières puissantes, des indigènes très nombreux, beaucoup plus intelligens que ceux du versant intérieur, mais encore très réfractaires à la pénétration européenne : l’apprivoisement des Pahouins est la préface nécessaire de toute construction de voie ferrée, et de ce chef il faut compter sur quelques dépenses d’occupation.

Or, pour atteindre au seuil de la région pahouine, on peut se contenter provisoirement de la route navigable de l’Ogooué, jusqu’à Njolé. Ce point serait donc le terminus occidental du chemin de fer, et la voie prévue sur l’emprunt de 35 millions serait poussée jusqu’au confluent de l’Ogooué avec l’Ivindo. Une ligne ainsi limitée aura, pour peu qu’elle soit protégée, le double avantage de transporter du fret immédiatement, et de ne rien préjuger à la légère quant au raccordement avec le littoral d’une part, avec le bassin intérieur de l’autre. Notre côte gabonaise n’a pas encore un port digne de ce nom ; Cap Lopez n’est qu’une rade foraine ; à Libreville, le mouillage est mauvais, piqueté d’épaves qui ne le recommandent guère ; nous voudrions que des travaux hydrographiques fussent ordonnés sans plus tarder, afin de permettre un choix définitif. A l’Est, le confluent Ogooué-Ivindo est un carrefour bien situé, où convergent des routes naturelles venant du Sud-Cameroun, de la Mossaka et de la Sanga, de l’Ogooué supérieur ; un tronçon arrêté là ne constituerait donc, en aucun cas, une fausse dépense et marquerait indubitablement un progrès de la pénétration ; il serait temps ensuite, suivant les nouveautés acquises, d’étendre le rail à partir des deux bouts.