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LA
QUESTION RELIGIEUSE
À GENÈVE



I

Par 7 650 voix contre 6 822 les électeurs du canton de Genève ont voté, le 30 juin dernier, la séparation des Églises et de l’État, selon la formule législative qui portera dans l’histoire le nom de loi Fazy, au même titre que nous appelons en France la loi de 1905, du nom de son auteur, la loi Briand. D’après une évaluation qui semble très plausible, les catholiques romains auraient fourni à la majorité un contingent de plus de 4 000 voix ; et la minorité protestante de cette majorité comprendrait environ 2 500 voix radicales et socialistes. Le grand Conseil de Genève, qui correspond à notre Chambre des députés, avait adopté la loi Fazy par 66 voix contre 23 et 2 abstentions. Comme toutes les lois « constitutionnelles, » la loi Fazy devait être, après son adoption par le grand Conseil, soumise au référendum populaire. La majorité qui s’était affirmée en sa faveur au Parlement comprenait la presque unanimité des radicaux — 25 contre 4, l’unanimité des indépendans (catholiques romains) — 13, et des socialistes — 12, presque le tiers des démocrates ou protestans conservateurs — 7 contre 18. Les séparatistes n’osaient guère espérer que cette majorité se retrouvât, même très diminuée, dans le corps électoral. Quant aux adversaires de la réforme, ils