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syndicalistes révolutionnaires de la Confédération, dont ils acceptent les théories de grève générale et les pratiques d’action directe.

M. Vaillant a expliqué, au Congrès de Stuttgart, les causes de cette séparation apparente. Il en a rendu responsables les anciennes querelles entre les sectes socialistes, les rivalités de personnes, qui, se reproduisent dans les syndicats, les ont divisés et ont fait obstacle à leur éducation, si bien qu’en France, le mouvement syndical se trouve encore dans un état embryonnaire. M. Vaillant a omis de signaler la plus récente de ces causes, celle qui a livré la Confédération aux anarchisans antiparlementaires, le ministérialisme des députés socialistes, leur collaboration avec les radicaux, les défections éclatantes de quelques-uns qui font peser sur tous les autres la défiance et le soupçon. M. Vaillant a exposé au Congrès que le développement du syndicalisme, dans les différens pays, est trop varié pour qu’on puisse établir des règles uniformes. Il contesta même à l’Internationale, à la majorité du Congrès, le droit d’imposer ces règles, voire même de les conseiller. D’après lui, l’Internationale a pour mission de coordonner les efforts variés des différens pays, non de leur suggérer des directions générales.

M. Troelstra, socialiste hollandais, qui a fait dans son propre parti l’amère expérience des syndicats anarchistes, a combattu avec passion la thèse de M. Vaillant sur l’indépendance réciproque du parti et des syndicats. « La Confédération du Travail, s’est-il écrié, est conduite par des personnes qui agissent sur des ouvriers à petites cotisations et à grandes paroles. Nous devons combattre l’anarchisme non seulement dans la vie politique, mais dans la vie économique. » (Acclamations enthousiastes.) Le parti socialiste, en France, a renoncé à faire son devoir, à mettre de la clarté dans l’esprit des ouvriers. L’orateur adjura le Congrès de ne pas accorder à M. Vaillant le vote d’approbation demandé pour un état de choses qu’il se refusait à présenter comme provisoire. Il combattit énergiquement cette autre théorie de M. Vaillant, que les décisions des congrès internationaux ne lient pas. Elles créent au contraire à chaque parti national l’obligation morale la plus étroite de les mettre à exécution. Ce serait supprimer cette obligation que d’approuver par deux votes successifs deux thèses contradictoires sur les rapports des partis socialistes et des organisations syndicales.