Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 41.djvu/423

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de mettre fin aux horribles abus du capitalisme. Hélas ! bien loin de songer à cet abandon, les socialistes français et anglais ne demandent qu’à gouverner les colonies quand on le leur propose. Tel est le cas du socialiste désunifié, M. Augagneur, à Madagascar, et de Sidney Olivier à la Jamaïque. Le moyen de convertir les socialistes à la politique coloniale, consiste à les nommer potentats coloniaux.

La citoyenne Kamah, une dame hindoue en costume national, un petit drapeau à la main, est montée à la tribune pour protester contre l’exploitation des Anglais dans l’Inde. Ceux-ci tirent de ce pays annuellement 278 millions de francs, et laissent aux indigènes 7 centimes par jour. Mais qu’y peut le Congrès ? Si M. Hyndman parvenait à obtenir de M. John Morley, avec l’approbation du Parlement, l’évacuation de l’Inde, les Hindous tomberaient aussitôt sous la coupe russe, ou sous la domination chinoise, ou sous l’exploitation japonaise. Qu’ils se défendent eux-mêmes !

Dans un embrouillamini de propositions contradictoires, au milieu d’un grand tumulte, le Congrès s’est montré encore plus radical que jadis à Paris et à Amsterdam. Il a condamné en bloc et sans appel toute politique coloniale. Toutefois, comme dans toutes les décisions de ce genre, il a réservé aux députés socialistes une petite porte de sortie, en déclarant que ce système exécrable devait être non pas abandonné… mais réformé. Il y a eu sur ce point une simple majorité, sans unanimité. Une minorité parmi les délégués anglais, belges, français reconnaît pourtant aux colonies quelque avantage. Seule la Hollande s’est déclarée nettement favorable à la colonisation.


IV

Nous touchons maintenant à la question brûlante posée au Congrès de Stuttgart : Que doivent faire les socialistes de toutes les nations pour affaiblir le militarisme et empêcher les conflits d’éclater entre les nations ?

L’armée est, à leurs yeux, le rempart de l’ordre capitaliste. Les guerres nationales unissent les classes naturellement hostiles, immolent les prolétaires, favorisent les réactions. Dès les premiers congrès de l’Internationale, on avait cherché les moyens d’affaiblir les armées, de mettre obstacle à la guerre. Au Congrès