Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II

SES IDÉES FINANCIÈRES

I

Laffitte ne fit guère de politique active qu’après la deuxième Restauration. Entré à la Chambre des députés en octobre 1816, il se mit dans les rangs des libéraux où l’appelaient ses relations et ses tendances. Il n’y prit part, tout d’abord, qu’aux discussions d’ordre financier. Son opposition était discrète. Il en arriva toutefois, bientôt, à se prononcer de façon plus ouverte contre le gouvernement, lorsque, en 1819, furent discutées la loi électorale et la loi sur la presse. A quelques mois de là, le gouvernement le remplaçait dans la fonction de gouverneur de la Banque de France, — qu’il avait acceptée aux conditions que l’on sait, — par l’ancien ministre des Finances de l’Empire, Gandin. A partir de cette époque, Laffitte combattit avec vigueur le gouvernement de la Restauration. On sait comment l’opposition, composée, ainsi que toutes les coalitions de cet ordre, des représentans de partis bien différens, fut particulièrement servie par l’intransigeance de certains ministres de Charles X. Laffitte aida à ce mouvement de tout son pouvoir. Il y coopéra par son action directe dans le Parlement et par le secours puissant qu’apportait au parti sa fortune alors considérable. Son château de Maisons était devenu, nous l’avons vu, le lieu où se réunissaient les adversaires du gouvernement.

La Révolution de Juillet survint. Laffitte eut sur les événemens des trois fameuses journées et sur leurs conséquences une influence souvent décisive. Une fois le Duc d’Orléans monté sur le trône sous le nom de Louis Philippe Ier, Laffitte entra, dans le premier ministère constitué, en qualité de ministre sans portefeuille. Il quittait bientôt cette situation secondaire pour prendre, le 3 novembre 1830, le ministère des Finances et la présidence du Conseil. Il ne sut point plaire à la droite de la Chambre et ne parvint pas à conserver les sympathies des libéraux et des républicains. Les uns lui reprochaient d’être trop avancé, les