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l’ensemble des plaintes, dénonciations et procès-verbaux, c’est-à-dire de tous les documens attestant la réaction légale des différentes parties du corps social contre les actes qui le blessent. C’est par là que débutent la plupart des statistiques étrangères[1]. Or ici, à première vue, les résultats apparaissent comme sensiblement équivalens.

Si nous prenons une longue suite d’années, nous voyons qu’il y a eu trois momens de rémission. Ce sont les périodes : de 1856 à 1860, — de 1872 à 1875, — de 1896 à 1900.

La première s’explique, ce semble, aisément par la fermeté du gouvernement d’alors, fermeté généralement bien acceptée au sortir de troubles violens. La seconde a eu certainement son origine dans ce mouvement généreux de rénovation qui, au lendemain de nos désastres, avait gagné toutes les classes, surprenait nos amis les meilleurs et alarmait presque nos vainqueurs de la veillé. C’était l’époque où, dans l’ordre de faits qui nous occupe, les pouvoirs publics donnaient une attention si avisée aux problèmes de la répression ; l’époque où des hommes, tels que MM. Bérenger, d’Haussonville, Félix Voisin, Théophile Roussel, envoyés en mission, multipliaient les enquêtes et faisaient décréter des réformes profondes dans le système de l’emprisonnement, dans les méthodes de l’éducation correctionnelle ou réformatrice. C’est l’époque où fut votée notamment la loi de 1875. Sans doute la plupart de ces beaux efforts furent perdus pour les successeurs insoucians de ces hommes de bien. Mais enfin, leur entreprise même était un signe des préoccupations patriotiques et de l’énergie sensée qui travaillait à relever tant de ruines. On ne peut être surpris que les mœurs publiques en ressentissent à leur tour un heureux contre-coup.

Après les accroissemens énormes qui se sont ensuite manifestés de 1880 à 1893, cette dernière année commence à voir le fâcheux mouvement se ralentir, et les années qui vont suivre seront meilleures. L’année 1893 est celle où Spuller avait essayé de parler d’esprit nouveau, et où Casimir-Perier avait été porté à la présidence de la République. Le rapprochement de ces deux noms et de ces deux tentatives vite étouffées par la résistance de l’esprit radical n’a-t-il pas quelque signification ? Sans doute les ligues secrètes contre lesquelles M. Méline jetait,

  1. C’est par là que dorénavant va débuter la nôtre.