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l’enquête de 1892 fut pour elle le commencement du salut. « Il nous apparaît, écrivait Jules Ferry en des termes qui n’ont pas vieilli, qu’il n’est peut-être pas une seule de nos institutions, une seule de nos lois du continent, qui puisse, sans des modifications profondes, s’accommoder aux Français, aux étrangers, aux indigènes qui peuplent notre Empire algérien. Non seulement des différences profondes, historiques et sociologiques séparent cette poignée de civilisés de la multitude indigène, mais cette multitude elle-même se diversifie selon les milieux dans lesquels on la rencontre… Nous promulguons nos lois, nous les appliquons, mais après dix ans, vingt ans au plus, elles se meurent de stérilité et d’impuissance, comme des arbres séchés sur pied… » Le système des « rattachemens » ne survécut guère au rapport magistral de Jules Ferry ; le décret du 31 décembre 1890 y mit fin. Depuis lors, l’évolution de l’Algérie s’est faite, sans régressions connue sans secousses trop brusques, dans le sens de l’autonomie administrative. Le nouveau régime, sous l’impulsion ferme et prudente de gouverneurs tels que MM. Jules Cambon, Laferrière, Révoil et Jonnart, s’est organisé et développé pour le plus grand bien de la colonie comme de la métropole. Le gouverneur général, sous le haut contrôle du ministre de l’Intérieur, responsable devant le Parlement, détient et exerce la réalité des pouvoirs ; là où il ne décide pas souverainement, il est, au moins, consulté. À côté de lui, se réunissent les « délégations financières » qui sont comme le conseil consultatif du gouverneur ; elles lui apportent l’appui de l’opinion publique, les avis éclairés d’hommes d’expérience qui, loin des passions politiques, ne sont préoccupés que de la prospérité de l’Algérie et qui, en se montrant de bons Algériens, oui trouvé du même coup la meilleure manière d’être de bons Français.

Les bienfaits du régime de l’autonomie administrative ne sont plus guère discutés : toutes nos colonies nouvelles sont entrées dans cette voie ; constituées en grands groupes, elles ont gardé chacune leur physionomie propre et elles ont su trouver la voie la plus favorable à leur essor et à leur prospérité. L’opinion est si bien établie aujourd’hui, que M. Milliès-Lacroix, ministre des Colonies, constatait récemment, à la tribune de la Chambre, que « la politique coloniale a été résolument dirigée vers l’autonomie des colonies, et surtout vers leur autonomie financière. Commissions du budget et Parlement ont dit aux colonies :