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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/886

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des lieux et édifices de culte. Presque toutes les synagogues sont la propriété des communautés ; très rares sont celles qui proviennent du domaine de l’État et encore n’ont-elles été cédées qu’en échange d’autres synagogues expropriées pour cause d’utilité publique. Un règlement d’administration publique résoudra prochainement la question du « droit de couteau ; » il est probable qu’en interprétant largement le sens de la loi, il permettra aux associations cultuelles de percevoir, sur le « droit de couteau, » une part qui restera vraisemblablement des cinq douzièmes. Quant à la partie affectée à la bienfaisance israélite, le règlement aura à en déterminer la répartition. Cette question de l’emploi des ressources du « droit de couteau » est la seule qui paraisse préoccuper les rabbins ; si aucun changement radical n’est apporté dans la perception et l’attribution de ce droit, la loi de séparation ne jettera qu’une perturbation passagère dans l’existence des communautés israélites d’Algérie.

En résumé, aucun avantage pour l’Etat français, ni pour les israélites ; mais, au détriment de l’Etat, une diminution de l’influence et du contrôle qu’il exerçait sur les communautés juives par l’intermédiaire des rabbins salariés par lui, et, au détriment des israélites, un élément de discorde et de trouble introduit parmi eux : tel est, sur ce point, le bilan de la séparation des Eglises et de l’Etat en Algérie.


IV

La séparation des Eglises et de l’Etat était depuis |longtemps, on peut presque dire depuis toujours, inscrite dans le programme des Églises protestantes. Tout en étant dans l’établissement officiel, elles vivaient, ecclésiastiquement parlant, sous le régime presbytérien synodal, dont les origines se rattachent à des traditions et à des précédens bien antérieurs au Concordat. Aussi ne pouvaient-elles faire mauvais visage à la loi qui venait rompre les faibles liens qui les rattachaient à l’État. Le protestantisme, fait de libre examen et d’individualisme, espère trouver dans le nouveau régime l’occasion d’un brillant essor. Il n’en est que plus significatif de constater qu’en Algérie les Églises réformées n’ont pas accueilli sans inquiétude le décret du 27 septembre.

Les Églises protestantes d’Algérie ne sont pas purement « réformées. » En raison du grand nombre d’Alsaciens,