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d’Allemands, de Scandinaves qui vinrent, dès les premiers temps de la conquête, s’établir dans la colonie, il fut entendu que les luthériens y seraient aussi représentés, qu’il y aurait un nombre sensiblement égal de pasteurs réformés et de pasteurs luthériens, et que les consistoires seraient mixtes. A Alger, il y a deux pasteurs réformés et un luthérien ; à Oran et à Constantine, un réformé et un luthérien. C’est ainsi que fut constituée l’Eglise protestante unie d’Algérie qui, sous cette forme, a été jusqu’ici reconnue par l’Etat. On sait comment, en 1872, les protestans de France tentèrent un effort pour obtenir du gouvernement la reconnaissance officielle de leurs synodes et comment l’opposition et la retraite du parti libéral firent échouer cette tentative ; l’Etat ne pouvait consacrer de son autorité, une assemblée qui ne représentait plus la totalité des « réformés » de France. Les Eglises cependant gardèrent leur organisation ecclésiastique traditionnelle et reconstituèrent leurs synodes en mettant à la base la confession de foi votée par la majorité en 1872 ; elle devint la profession de toutes les Eglises qui se rattachèrent à l’organisation synodale officieuse et qui voulurent se donner à elles-mêmes cette garantie de fidélité à la doctrine évangélique. Il n’y eut plus, en fait de corps officiel, que les consistoires où libéraux et orthodoxes continuèrent à se rencontrer, mais dont les attributions furent presque exclusivement administratives. C’est à cette organisation que les Eglises réformées d’Algérie ont adhéré dès la première heure ; elles ont formé la vingt-et-unième circonscription synodale.

Aujourd’hui, la loi de séparation survenant met les protestans d’Algérie en face de cette situation complexe : d’une part, deux corps ecclésiastiques, — réformés et luthériens, — nettement distincts, et, d’autre part, une organisation synodale unitaire. Cette union pourra-t-elle être maintenue, aujourd’hui qu’elle n’est plus reconnue par l’Etat, ou bien l’esprit d’indépendance des fidèles fera-t-il craquer l’ancienne organisation ? C’est ce que se demandent les pasteurs. Leurs Eglises sont actuellement dans une période de préparation et d’élaboration dont il est encore difficile de prévoir l’issue. Malgré la constitution d’associations cultuelles et une large application de toutes les dispositions favorables du décret du 27 septembre, il est certain que la réduction de leur budget gênera sensiblement les Eglises réformées Les grosses fortunes sont rares parmi les fidèles et