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C’est dans les écoles que leurs aptitudes se révèlent. Leurs progrès, l’assiduité avec laquelle ils poursuivaient leurs travaux nous frappent particulièrement.

Pour la diffusion des langues étrangères, l’Empereur a établi des écoles où l’anglais, l’allemand, le français, le russe sont enseignés. Les dernières méthodes pédagogiques y sont en vigueur, le professeur réserve ses leçons aux étudians les plus avancés qui dispensent ensuite à leurs cadets le savoir ainsi acquis. Ayant assisté à ces cours, j’y ai admiré les capacités étonnantes des maîtres et des élèves. Dans les orphelinats des sœurs de Saint-Paul-de-Chartres, les enfans coréens se sont révélés à moi tout à leur avantage. Il s’agit de malheureux petits êtres, abandonnés de leurs parens et recueillis par d’admirables religieuses qui, à les secourir, ont consacré leur vie. L’éducation leur manque et non pas les talens. Avec une réorganisation générale des écoles du pays, le plus grand espoir est permis dans la jeunesse coréenne. Le Japon, à en croire son programme, s’est donné pour première tâche de civiliser Chosen. Croyons-en sa sincérité et espérons !


XII. — LA JEUNESSE DE l’EMPEREUR LI-HSI, SON ACCESSION AU TRÔNE, SON MARIAGE


C’est dans la matinée du 20 juillet dernier que Li-Hsi a définitivement transmis à son fils aîné le spectre de Taï-Han. La cérémonie officielle n’a duré que quelques minutes et ni l’un ni l’autre des intéressés n’y a assisté : les fonctionnaires de la Cour se sont bornés à rédiger de leur mieux les actes officiels. Le couronnement n’aura pas lieu, les rangs de la haute noblesse étant décimés et les fonctionnaires survivans répugnant à paraître dans semblable cérémonie. Le malheureux Li-Hsi peut tirer de l’affliction de son peuple une dernière consolation.

Vingt-huitième monarque de la dynastie, il est né en 1852, de parens médiocrement fortunés et bien loin de ce trône où devaient le porter un jour des événemens imprévus. L’histoire de son avènement met en relief cet usage de l’adoption pratiquée par les monarques japonais et chinois, condition de longues dynasties. Tug-Chong, décédé à l’âge de vingt et un ans, eut pour successeurs son fils mineur Hung-Chong, emporté après une quinzaine d’années de règne, puis son frère, Chuli--