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LE COMTE
LOUIS-PHILIPPE DE SÉGUR[1]
(1753-1830)

Être né à la veille de la guerre de Sept Ans et mort au lendemain de la révolution de Juillet ; avoir été tour à tour colonel et diplomate sous l’ancienne monarchie, ambassadeur extraordinaire sous la Révolution, conseiller d’Etat sous le Consulat, sénateur et grand maître des cérémonies sous l’Empire, pair de France sous la Restauration, entre temps voyageur, poète, historien, dramaturge et membre de l’Académie ; avoir vécu dans l’intimité familière de Louis XV, de Louis XVI, de Marie-Antoinette, de Washington, du grand Frédéric, de Catherine II et de Napoléon, sans compter tous les satellites gravitant autour de ces astres : une existence aussi remplie donne tous droits à un homme pour écrire ses Mémoires et toutes facilités pour les écrire intéressans. Le comte Louis-Philippe de Ségur a usé de ces droits et profité de ces facilités ; ses Souvenirs et anecdotes sont universellement connus. Par malheur, cet ouvrage, pour des raisons que je dirai plus bas, s’interrompt brusquement au beau milieu de sa carrière ; la seconde moitié de sa vie, qui n’est guère moins curieuse que l’autre, est donc à peu près

  1. La maison Fayard va publier prochainement une édition nouvelle illustrée des Mémoires ou Souvenirs et anecdotes du comte de Ségur, ambassadeur en Russie sous Louis XVI. Cette édition nouvelle sera précédée d’une introduction, où le marquis de Ségur a résumé les principaux traits de l’histoire de son trisaïeul ; c’est cette notice biographique que nous offrons aujourd’hui aux lecteurs de la Revue.