Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 44.djvu/437

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

souterraine ne permet pas d’augmenter impunément les irrigations et son niveau baisse d’une façon continue.

Quant au mouvement des échanges, voici comment nous le dépeignent, avec preuves à l’appui, les auteurs de l’Évolution du nomadisme en Algérie[1] : « En résumé, l’occupation des Oasis sahariennes a profondément modifié, comme on devait s’y attendre, les directions et les modes du commerce. Au point de vue des directions, la province d’Alger et même la voie Gabès-Ouargla tend à se substituer aux voies du Sud marocain et du Sud-oranais ; mais cette modification n’est peut-être pas définitive, et le commerce reviendra sans doute, en partie du moins, vers la Zousfana, à mesure que la sécurité se rétablira de ce côté. Au point de vue des modes de commerce, le négociant mozabite ou israélite, du fond de sa boutique, commande maintenant les denrées au fur et à mesure de ses besoins et se substitue au commerce par caravanes. L’exportation, déjà si faible, disparaît presque par suite de l’extrême pauvreté du pays. Il n’y a plus d’esclaves, et les dattes ne trouvent plus preneur, parce qu’on ne les rapportait guère que pour ne pas revenir à vide. D’ailleurs, les dattes du bassin oriental sont meilleures et plus proches. L’occupation française a donc achevé de tuer le commerce d’exportation du Touat. Quant au commerce d’importation, il a plutôt augmenté, mais d’une manière tout à fait artificielle, par suite de l’établissement des troupes et d’un embryon d’administration, établissement qui produirait les mêmes résultats en un point quelconque du globe, si déshérité qu’on le suppose. »

Peu à peu la connaissance des Oasis sahariennes se précise. Les officiers et les explorateurs, groupés autour du commandant supérieur, ont comblé les lacunes. Quelques-uns ont publié leur notes, mais beaucoup les ont conservées manuscrites.

C’est le cas de M. A-G.-P. Martin, officier interprète, qui, depuis 1904, suivant ses propres expressions, « erre d’oasis en oasis, de ksar en ksar, interrogeant les gens, fouillant les vieilles maisons et les coffres antiques où, depuis de très longs ans, les termites mangeaient tout doucement les papiers des ancêtres. » Pièces en mains, il a pénétré dans leur lointain passé, essayant de reconstituer les grandes périodes de leur histoire,

  1. L’Évolution du nomadisme en Algérie, p. 239.