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résister au plaisir de nommer quelques-uns de ceux qui préparèrent ou rendirent possible la pénétration du Sahara par le Soudan ?

Galliéni, en 1880, reconnaissait entre le Sénégal et le Niger la région où le commandant Derrien fit les premières études d’une voie ferrée. Le lieutenant de vaisseau Caron, en 1887, conduisit sa canonnière, le Niger, jusqu’au port de Tombouctou ; puis vinrent Binger (1887-1889), qui nous valut la boucle du grand fleuve avec le pays de Kong, et enfin Monteil, dont la course épique de l’Atlantique au lac Tchad (1890-1892) se termina par la traversée du Sahara oriental.

En 1894, Hourst et ses compagnons révélaient la région des lacs à l’Ouest de Tombouctou où nous nous installions non sans peine. À cette époque, le général de Trentinian devint gouverneur du Soudan et réalisa de grands progrès. Peu après, Coppolani prenait contact avec les Maures et les Touaregs Oullimindens, pénétrant dans le Tagant et l’Azouad, puis s’engageant sur la route d’Araouan, que le lieutenant Pichon, des spahis soudanais, atteignait, en 1900, avec quelques cavaliers.

La Mauritanie occidentale se constituait et son inventeur, devenu commissaire du gouvernement général, en poursuivait l’organisation, quand, en 1905, il fut assassiné à Tidjikja. Précédemment la mission Blanchet explorait l’Adrar occidental, tombait dans un guet-apens, courait les plus grands dangers et n’échappait au massacre que pour perdre son chef, emporté par la maladie sur le chemin du retour.

Dans l’Est, sur les traces du capitaine Cazemajou et de l’interprète Olive, dont les noms s’ajoutent à notre martyrologe africain, s’engageait, en 1899, la mission Afrique centrale. Le capitaine Joalland et le lieutenant Meynier poussèrent jusqu’au Tchad, se portant au secours de la mission du Chari, rejointe ensuite par la mission Saharienne. À ces heures tragiques, le sergent Boutel se maintint seul à Zinder. Le capitaine Joalland reprit le commandement de ce poste après sa campagne du Chari et le conserva jusqu’à l’arrivée de la compagnie de relève du capitaine Moll (octobre 1900).

Au colonel Péroz et au commandant Gouraud était dévolue la tâche ingrate d’organiser, entre Niger et Tchad, le troisième territoire militaire de l’Afrique occidentale, dont il fallut ensuite rectifier la frontière. Sur cette ligne s’échelonnèrent les missions