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définitif de la cause républicaine devait nécessairement amener des divergences entre républicains, soit sur les conséquences qui peuvent découler de principes communs, soit sur les méthodes d’action les plus propres à hâter l’application d’idées qu’il est trop souvent plus facile de faire passer dans le texte des lois que de réaliser dans les mœurs. Nous connaissons trop bien la misère de nos divisions lorsqu’elles ont pour effet de réduire la discussion des idées aux proportions d’un conflit de personnes… Il s’agit moins de gémir inutilement sur les conditions inévitables de l’action des partis que de chercher le remède aux défaillances naturelles de toute humanité dans la constitution au grand jour d’une majorité solide, formée, non sur des satisfactions d’intérêts, mais sur des réalisations d’idées. »

M. Combes avait été applaudi par ses amis ; M. Clemenceau l’a été bien plus encore. Les coups qu’il lui avait portés avaient atteint son adversaire en pleine poitrine. M. Combes était accusé de poursuivre un intérêt personnel, tandis que M. Clemenceau se targuait de travailler noblement, avec la majorité telle quelle qui voulait bien le soutenir, à des réalisations d’idées. M. Clemenceau s’est sans doute un peu vanté, mais il a eu les honneurs de la journée. En dépit de la boursouflure de sa harangue, M. Combes est tombé à plat : on a eu l’impression qu’il avait manqué son effet. C’est d’ailleurs une loi mécanique dont la manifestation a été depuis quelque temps assez fréquente dans les milieux parlementaires, que tout agresseur qui se découvre trop, et qui, en attaquant un ministre, pose évidemment sa candidature à sa succession, perd aussitôt tous ses avantages. Au moment des troubles du Midi, M. Millerand, sur lequel on comptait beaucoup et qui semblait alors très près du pouvoir, a pris à partie directement, hardiment, personnellement, M. Clemenceau : il a été repoussé avec pertes. La même chose est arrivée ces jours derniers à M. Combes et un peu plus tard à M. Berteaux. M. Berteaux, lui aussi, a la nostalgie du pouvoir. Il s’est mis à la Chambre à la tête de l’opposition ministérielle, comme M. Combes l’a fait au Sénat, et, malheureusement pour lui, avec le même genre de succès. C’est toute une histoire à raconter : elle édifiera nos lecteurs sur les mœurs parlementaires d’aujourd’hui.

Il s’agissait, originairement, de rendre à M. Joseph Reinach son grade dans l’armée de réserve. Rien de plus naturel puisqu’on avait rendu le sien, et même quelques autres en plus, à M. le général Picquart dans l’armée active. Nous trouvons même qu’on a fait attendre M. Joseph Reinach bien longtemps. Pourquoi n’a-t-il pas été