sont obligés souvent de faire de longues marches pour se rendre à l’endroit de la forêt où ils trouvent en abondance les lianes à caoutchouc et, là, réduits à se battre, les armes à la main, avec des concurrens qui leur disputent la récolte. D’autres succombent sous les portages excessifs dont on les épuise. La population vit sous l’empire de la terreur dans l’attente des agens du fisc qui ne reculent devant aucun moyen pour « faire de l’impôt. »
Le nouveau système était depuis peu de temps en vigueur lorsque, de divers côtés, des protestations se firent entendre et une société philanthropique anglaise bien connue, l’Aborigine’s protection Society, crut devoir adresser des représentations au souverain du Congo. Comme, au bout de trois ans, la situation n’avait été en rien améliorée et qu’à ces représentations, l’Etat indépendant n’avait opposé que des réponses dilatoires, cette société en appela aux autorités et à l’opinion publique anglaises (septembre 1896). Une campagne très vive fut menée dans la presse britannique. Sir Charles Dilke se fit l’écho de ces protestations à la Chambre des communes et demanda au gouvernement de prendre l’initiative d’une conférence internationale en vue « d’adopter et de mettre à exécution de nouvelles mesures capables d’assurer aux indigènes de l’Afrique un traitement équitable. » Cette proposition, repoussée alors, fut reprise et volée à l’unanimité, six ans plus tard (20 mai 1903). Les puissances pressenties refusèrent d’y adhérer. Cependant, le mouvement de protestation grandissait en Angleterre, les accusations se précisaient ; mais elles devinrent si violentes qu’elles parurent outrées et n’émurent que faiblement l’opinion en Belgique. Néanmoins, le gouvernement de l’Etat indépendant jugea nécessaire d’y répondre. Il fit rédiger plusieurs plaidoyers destinés à confondre les calomniateurs en célébrant en termes dithyrambiques l’œuvre grandiose et philanthropique accomplie au Congo. Les promoteurs de la campagne anticongolaise n’étaient-ils pas suspects ? C’étaient des missionnaires protestans anglais, et l’on rappelait qu’ils ont toujours joué un rôle plus politique que religieux en cherchant à amener l’annexion par l’Angleterre des pays qu’ils furent appelés à évangéliser. On les a vus, au Transvaal, prendre prétexte des mauvais traitemens, soi-disant infligés par les Boërs aux indigènes, pour réclamer l’intervention britannique. Ces procédés sont traditionnels de la part des Anglais à l’égard des petites nations