Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 45.djvu/668

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si même on voulait entrer dans le détail des faits, on serait bien vite convaincu que, parmi les étudians en médecine, ceux qui savent le mieux la chimie et la physiologie sont aussi les meilleurs praticiens. Celui qui croit non pas à l’antagonisme, — ce qui serait par trop inepte, — mais même à l’indépendance de la science et de la clinique, n’a rien compris ni à la science, ni à la clinique. Aussi faut-il, suivant un programme que la Faculté de médecine essaye de réaliser, faire marcher de pair l’enseignement de la science et l’enseignement de la pratique, non seulement parce que la médecine, sous peine de déchéance, doit être scientifique, mais encore parce qu’à l’heure actuelle il est impossible de rien comprendre à la médecine, si l’on n’est pas en même temps versé dans les sciences médicales.

Rien donc n’est plus absurde que de reprocher à la Faculté de médecine le côté scientifique de son enseignement. Il me paraît même que, si elle pèche, c’est bien plutôt par le défaut contraire. Hélas oui ! les sciences, à la Faculté de Paris, sont en médiocre honneur. Trop souvent, on entend les jeunes gens, égarés par de sots conseils, dire quand on leur fait une démonstration scientifique : « A quoi bon ? Ai-je besoin de savoir tout cela ? »

Je suppose qu’il s’agisse de soigner un malade atteint d’une maladie de cœur. Est-il possible d’y rien comprendre, si l’on ne connaît pas parfaitement le mécanisme du cœur normal ? L’horloger à qui vous donnez votre montre à réparer sera-t-il considéré par vous comme un habile praticien, s’il déclare ne rien entendre au mécanisme des montres normales, mais prétend seulement remettre en bon état les montres détraquées ?

J’en appelle au simple bon sens. Pour se faire une idée nette des troubles de la circulation cardiaque, provoqués par une altération organique du cœur, il est indispensable de savoir quelle est la fonction du cœur bien portant, la succession des contractions auriculaires et ventriculaires, la cause des bruits cardiaques, les variations de la pression intra-vasculaire, l’innervation du cœur par des nerfs d’arrêt, par des nerfs d’accélération, par des ganglions auto-moteurs. Si le médecin ignore toute cette physiologie du cœur, il sera réduit, pour le diagnostic et le traitement, à ne pas mieux faire que le plus humble rebouteux de village.

Les conditions de l’alimentation dans l’hygiène privée ou