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tu sais que ce n’est pas en face des choses que je brille…

Je suis content de ma journée de Bruges... J’ai pu voir tout bien, et, à deux reprises, l’hôpital Saint-Jean, la chose importante. J’en rapporte un souvenir exact et qui ne me quittera plus...

Ce matin, je vais au Musée, je retourne à la cathédrale. Après-midi, j’assiste à une grande fête musicale, donnée par la Société des Chœurs Belges. La fête aura deux journées ; bien entendu, je n’assisterai qu’à celle-ci. On y joue les Saisons d’Haydn. Je me paie ce plaisir artistique d’un autre genre ; le Roi y sera.


{{c|Memling[1]. — Le Mariage de Sainte Catherine.

Hôpital Saint-Jean, deuxième visite en sortant de l’Académie.

Aussi beau, matériellement parlant, que le Van Eyck de l’Académie (La Vierge au donataire) ; mais étonnant de détails exacts et de minutieuse observation d’après nature ; mais une élévation, une candeur d’attitude, de gestes, de physionomies, une beauté de contours et de traits, une suavité de regard que l’autre n’a pas.

La Sainte Catherine est exquise. La main à l’anneau admirable de délicatesse féminine et de dessin. Tête adorable avec son petit diadème d’or et pierreries, et son voile comme une eau limpide sur le front. Manches de velours rouge cramoisi. Robe à corsage échancré et collant, terminée par une jupe à grands ramages noir et or.

Derrière, saint Jean debout, grave et doux (un homme doux et triste), en noir violet. Belle tête dans la demi-teinte, d’une exécution veloutée. Nez long, barbe rare et brune ; si bien derrière Sainte Catherine.

Vierge rouge à la Van Eyck et bleue, moins jolie, tête un peu en museau, bouche pincée, longs cheveux crêpelés.

Joli petit ange souriant qui joue du clavecin (noir et or, manches blanches).

Autre petit ange en bleu très tendre.

Sainte Barbe, robe verte, manteau grenat. Livre à la main, avec étoffe bleue au dos. Jolie tête droite à cou droit, nuque haute et fine, petites lèvres serrées et mystiques, yeux baissés sur son livre. Jolie comme tout ; une délicieuse femme, tournant à la sainte, quasi un ange.

  1. Note inédite extraite des Carnets de voyage. — Voyez Maîtres d’autrefois, 6e édit., p. 432.