Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


1840


Ambassade de Londres.

Londres, 9 mars 1840.

Je suis charmé, mon cher monsieur, que vous soyez où vous êtes[1]. Vous savez que j’ai résolu de rester à mon poste. Je ne vous redis pas mes raisons, je les ai écrites à tous mes amis. Elles ne me laissent aucun doute. « Point de réforme, point de dissolution. » C’est sur cette idée, m’a écrit M. de Rémusat, que s’est formé le ministère. Je puis agir sous ce drapeau. Si le ministère marchait du côté où il penche, je ne le suivrais pas. Je l’ai dit également, je tiendrai mes deux paroles. J’espère que le bon principe prévaudra, et j’y concourrai d’ici de tout mon pouvoir.

Je n’avais pas besoin de sortir de France pour apprendre combien il nous importe d’avoir un gouvernement. Mais cette conviction m’arrive par des routes nouvelles, et encore plus frappante.

Je ne vous écris aujourd’hui qu’un mot en courant.


Londres, 18 avril 1840.

Je ne vous ai pas répondu, mon cher monsieur, et je suis sûr que vous me le pardonnez. J’espère aussi que vous ne croyez pas que je vous oublie, ni que je n’ai pas été touché de votre soin à me bien instruire. Je n’ai rien de particulier à vous dire aujourd’hui. Je veux seulement vous raconter combien je tiens à vous et je compte sur vous. Voilà la crise passée pour le Cabinet. Il ne reste plus que les difficultés de la situation, elles seront longues, le temps est le seul remède. Il me semble aujourd’hui que le temps ne manquera pas.

Si vous avez quelque occasion de faire remarquer quelque part que je suis le premier ambassadeur protestant venu en Angleterre depuis Sully, je n’en serai pas fâché. Cela a été remarqué ici et avec un bon effet.


Londres, 13 mai 1840.

Mon cher monsieur, vous aurez vu, dans quelques revues anglaises, la traduction de mon petit discours au grand dîner

  1. Lavergne venait d’être nommé chef de Cabinet de M. de Rémusat, ministre de l’intérieur.