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de l’Académie royale des Beaux-Arts. Je ne songeais pas à vous l’envoyer, mais, puisque vous verrez la traduction, j’aime mieux que vous ayez le texte. Vous en ferez l’usage que vous jugerez convenable. C’est matière de revues plutôt que de journaux quotidiens. Je m’en rapporte à vous. Vous excellez dans l’art de présenter convenablement les choses, sans charlatanerie et sans froideur.

Le dîner de l’Académie royale à l’ouverture de l’exposition est ici une grande solennité. C’est une des réunions les plus aristocratiques de Londres. Tout le gouvernement, tous les chefs de l’opposition, tout le corps diplomatique, les hommes considérables de tous les partis sont invités là et tiennent à s’y rendre. Ils y sont avec tout le monde savant, lettré et artiste. Sir Samuel Romilly disait qu’il n’avait jamais intrigué en sa vie que pour être invité au dîner de l’Académie royale.

Les trois personnes qui ont porté la parole là ont été : le duc de Wellington au nom de la marine et de l’armée, le marquis de Lansdowne au nom du Cabinet et des noblemen invités, moi au nom du corps diplomatique. L’Académie royale subsiste depuis soixante et onze ans.

Le mois de mai est l’époque de la réunion annuelle de presque toutes les sociétés religieuses, philanthropiques, littéraires de l’Angleterre. Elles m’invitent toutes. Je n’irai qu’à un très petit nombre. La prodigalité détruit les meilleures fortunes. J’ai été avant-hier au meeting de la Société pour les écoles britanniques et étrangères, présidée par sir George Grey. Il a fallu y prendre la parole. C’était de mon métier. Je l’ai fait en anglais avec quelque bonheur et une immense popularité. Il y avait là 3 000 personnes, au moins. J’ai fini par cette phrase :

« The Sun rises in the East, but it spreads its light over the whole world. And nobody asks whence the light comes. Every one enjoys it and thanks. Do your good. Gentlemen ; spread your light ; and the same happiness, the same thank-fulness of the whole world shall be your reward[1]. »

Je n’ai jamais été, en me levant et en me rasseyant, plus vivement et plus cordialement applaudi.

  1. « Le soleil se lève à l’Orient ; mais il répand sa lumière sur le monde entier. Et personne ne se demande d’où vient cette lumière. Elle remplit chacun de nous de bonheur et de gratitude. Faites le bien, messieurs ; répandez votre lumière, et le même bonheur, la même gratitude du monde entier sera votre récompense. »