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peu de jours. Très heureux l’un et l’autre, comme il convient ; j’en jouis beaucoup. C’est pour moi de la sécurité et de la liberté. Vous ferez connaissance avec mes deux gendres ; ils le méritent. Je leur sais un défaut : ils ne sont pas de leur temps, ç’a été une de mes raisons pour les choisir.


Val-Richer, 8 juillet 1850.

J’attends très impatiemment votre article, mon cher monsieur. Je compte sur le prochain numéro. Je m’en promets un vif plaisir pour moi et pour le fond des choses, car vous êtes de ceux qui voient le fond, et nous sommes, au fond, du même avis, même quand nous différens sur la République ou la Monarchie.

Je suis sûr qu’on vous lira à Saint-Léonard avec grande satisfaction, et je comprends que vous ayez un peu retarde votre voyage, mais faites-le pour vous-même comme pour le plaisir du Roi. J’ai, de sa santé, d’assez bonnes nouvelles ; il me paraît qu’on commence à croire à un long temps et peut-être même à une vraie guérison. Nous n’avons rien à nous dire de l’état actuel des affaires ; j’en pense ce que vous en pensez et je me félicite, comme vous m’en félicitez, de n’y pas toucher du doigt.

Certainement, si j’avais été dans l’Assemblée, j’aurais tenté de faire du parti conservateur autre chose que ce qu’on en fait. Je n’y aurais pas réussi et je serais retombé dans l’isolement avec un faux air d’activité. L’isolement vrai vaut infiniment mieux... Je travaille ; je viens d’écrire une longue lettre à quelques-uns de mes amis de l’Institut pour décliner l’honneur qu’ils voulaient me faire de me nommer membre du Conseil supérieur de l’Instruction publique. Cela ne me convient pas, mais j’ai dû en donner d’autres raisons que ma convenance personnelle. J’ai donc dit un peu ce que je pense de la nouvelle loi sur l’enseignement et de la lutte entre le clergé et l’Université. Il se peut qu’à force de circuler dans l’Institut, cette lettre finisse par devenir publique et que vous la lisiez quelque part.

La mort de sir Robert Peel m’a fait une vraie peine ; non qu’il fût, pour moi, un ami comme lord Aberdeen, mais nous avons fait en commun pendant cinq ans de la politique sensée et honnête. C’est un lien réel, et qui devient plus fort de jour en jour.

Et puis, je regrette les grandes figures ; il a fait de grandes choses, d’un mérite politique douteux, mais qui, après tout, ont