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la restitution de tous les exemplaires indûment saisis. Mais le dernier point met l’administration dans l’embarras ; on ne retrouve pas tous les exemplaires saisis : il paraît que M. le ministre de l’Intérieur, dans un accès de laisser aller, en a prêté plusieurs à ses amis, même en Angleterre ; en sorte que, si l’ouvrage a reçu quelque publicité, ce serait le fait de M. de Persigny, non du duc de Broglie. Si cela est, le duc de Broglie ne manquera certainement pas de le faire constater, pour qu’on ne puisse pas lui imputer cette circulation illégale[1].

Je comprends votre opinion sur la coalition. Je ne la partage pourtant pas. Je ne crois pas que l’insuccès de la tentative ait eu l’importance qu’on lui a attribuée, ni que son succès eût eu en bien l’importance contraire.

Si nous causions, je vous dirais toutes mes raisons, mais nous sommes trop loin. Dans le quatrième volume, je n’ai pas dit, sur la coalition, tout ce que j’aurais pu dire, mais je n’ai rien dit que je ne pense pleinement[2].

Je vous prie de réserver aux volumes suivans votre bon vouloir pour la Revue. J’en aurai au moins trois, et probablement quatre ; un sur mon ambassade à Londres et deux ou trois sur mon ministère de 1840 à 1848.

Personne n’est plus capable que vous de bien parler de toute cette époque. Trois questions la remplissent : les Affaires étrangères, le gouvernement personnel du Roi (comme on dit), et le caractère du parti conservateur. Vous avez vu et jugé parfaitement ces trois grands faits, abîmes de mensonge.

Adieu, mon cher confrère ; avez-vous reçu le Jefferson de mon gendre Cornélis ? Je vous l’ai fait adresser chez vous à Paris ; je suis sûr que vous en serez content. C’est un ouvrage bien plus complet que ses articles dans la Revue. Quant à Conrad, son élection s’est très bien faite.

  1. Il s’agit de l’ouvrage du duc de Broglie intitulé : Vues sur le gouvernement de la France, qui avait été saisi sur l’ordre du ministre de l’Intérieur, M. de Persigny.
  2. M. Guizot fait allusion à la coalition de 1839, dont il rend compte dans le quatrième volume de ses Mémoires.