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eux, l’anatomiste, le chirurgien, le médecin obtiennent cette finesse spéciale du tact, de l’ouïe, de la vue, qui leur permet, en scrutant l’intérieur du corps humain, d’en atteindre les plis les plus cachés ; d’écouter par l’auscultation le fonctionnement même de la vie ; de discerner, parmi les bruits les plus ténus du cœur ou de la poitrine, ceux qui sont réguliers ou suspects ; de les classer pour reconnaître le lieu précis et le caractère plus ou moins grave des innombrables maladies auxquelles nous sommes exposés. Mis au service de leur intelligence et de leur savoir, ces moyens d’investigation éclairent très efficacement le diagnostic des grands praticiens et ajoutent, comme ils disent, des yeux au bout de leurs doigts. En même temps, munis de leur arsenal opératoire, les chirurgiens de plus en plus hardis manient d’une main sûre les appareils inventés pour palper, pincer, tailler, nettoyer, broyer, recoudre, supprimer ou reconstituer tous les élémens détériorés de notre organisme. En dépit de ses impuissances, cette lutte contre la maladie et la souffrance, engagée depuis qu’il y a des hommes, a pu, en ces derniers temps surtout, acquérir une efficacité singulière, et les progrès réalisés à cet égard sont dus à cet effort persévérant de toutes nos facultés physiques ou intellectuelles associées par la science moderne à la recherche de la vérité.


II

En étendant aux arts nos observations, nous voudrions montrer maintenant les résultats que peut obtenir une éducation méthodique de nos organes, appropriée à chacun d’eux. Les exercices spéciaux auxquels l’artiste doit se livrer sont longs et difficiles et, en goûtant les jouissances qu’ils nous valent, nous ne pensons pas assez aux efforts qui nous les ont méritées.

Si la musique ne prend pas comme les arts du dessin son point d’appui dans la nature, c’est à elle du moins qu’en dehors de la voix humaine elle emprunte les matériaux des divers instrumens par lesquels elle s’exprime. Ces instrumens, avant d’atteindre la perfection qu’ils nous offrent aujourd’hui, ont été l’objet d’études prolongées ; il a fallu bien des tâtonnemens pour leur donner leur forme définitive et faire de chacun d’eux un type accompli, ayant sa sonorité propre, distincte de celle des autres instrumens, mais s’accordant avec eux. Il en est qui, à