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les rois ou aux principes canoniques sur l’immunité des clercs. Mais les théologiens de Munich, à l’unanimité moins deux, tinrent un autre langage. Le Jésuite Schrader avait tenté de rédiger les formules affirmatives qui ripostaient à chacune des thèses condamnées par le Syllabus ; et l’une de ces formules énonçait que le pouvoir civil ne peut pas s’immiscer dans les questions de religion, de morale et de droit canon, ni se faire juge des instructions données par les chefs ecclésiastiques comme des règles pour la conscience. Doellinger et ses collègues voyaient dans cette phrase un péril public. Plusieurs brochures surgirent, pour les réfuter. Alors les juristes vinrent à la rescousse ; la faculté de droit proclama que les décisions conciliaires projetées bouleverseraient complètement, en Bavière, les rapports de l’Église et de l’Etat. La consultation qu’elle rédigea mettait en relief certaines thèses du Syllabus et répondait à ces anathèmes d’Église par l’affirmation très tranchante et très crue de la prépondérance laïque. Les cartons des ministères s’ouvraient à ces doctes manuscrits ; il y avait là des armes toutes prêtes, que manieraient, à l’heure opportune, publicistes, magistrats et policiers. Hohenlohe priait les autres gouvernemens de l’Allemagne de mobiliser aussi leurs savans ; les gouvernemens restaient sourds. La défiante devise : Si vis pacem, para bellum, qui même n’est pas toujours justifiée lorsqu’il s’agit des relations entre deux États, devient messéante dès qu’on veut l’étendre aux rapports avec l’Église ; et lorsque, sous les auspices de Doellinger, la catholique Bavière, seule parmi les puissances allemandes, aménageait un arsenal et préparait la guerre, lorsqu’elle remplaçait son ministre à Rome, Sigmund, réputé trop conciliant, par le comte Tauffkirchen, homme de confiance de Hohenlohe, on ne peut dire, en vérité, qu’elle cherchât la paix


IV

A l’écart des publicistes qui voulaient émouvoir l’opinion, à l’écart des diplomates qui voulaient émouvoir l’Europe, une autre action s’exerçait, moins agressive et plus discrète, sur l’épiscopal de l’Allemagne. L’évêque de Trêves, dans une pastorale, avait expliqué que les prêtres et même les laïques pouvaient influer sur un concile. Les esprits vibraient trop pour être insensibles à de pareilles remarques ; on y voyait des invites. Un professeur de