empressé, un accord s’établit, dont le résultat fut consigné dans les deux offices du 6 mai et du 30 mai 1877, qui créèrent, après la déclaration de guerre, — mais avant qu’un seul coup de canon fût tiré, — une situation de droit et de fait des plus singulières. On instituait, entre la Russie et la Turquie, un état de guerre « conventionnelle, » à champ d’action restreint et à responsabilité limitée.
De même que Gortschakoff voulait ignorer ce qui se passait à Berlin, de même il voulait ignorer les conséquences des engagemens pris à l’égard de l’Angleterre. Les événemens, les victoires russes, le hasard arrangeraient tout.
Voici le résumé de l’accord Schouwaloff-Derby : la Russie s’engage à ne porter la guerre ni sur le canal de Suez, ni en Egypte, quoique ces régions fassent partie de l’Empire ottoman. Le Tsar renouvelle sa déclaration que la conquête de Constantinople n’entre pas dans ses desseins : « Son gouvernement reconnaît que, quoi qu’il arrive, l’avenir de Constantinople est une question d’intérêt général que ne saurait être résolue que d’un commun accord ; si la possession de cette ville venait à être mise en question, on ne saurait consentir à ce qu’elle appartînt à l’une ou à l’autre des grandes puissances européennes. » — « La question des détroits sera également résolue au moyen d’une entente générale. » — Lord Derby ayant fait allusion à d’autres « intérêts britanniques, » tels que le golfe Persique et la route de l’Inde, le cabinet impérial affirme « qu’il n’étendra pas la guerre au delà de ce qui est nécessaire pour atteindre le but hautement et nettement avoué qui a déterminé l’Empereur à prendre les armes. Il respectera les intérêts anglais signalés par lord Derby, autant que l’Angleterre restera neutre. » On se taisait sur les « intérêts russes, » et, en ce qui concernait l’objectif de la guerre, on se contentait de cette phrase :
Le but de la guerre ne saurait être atteint aussi longtemps que les populations chrétiennes de la Turquie ne seront pas placées dans une situation dans laquelle leur vie et leur sécurité soient efficacement garanties contre les abus intolérables de l’administration turque.
Gortschakoff espère se tirer d’embarras par des finesses de rédaction. Mais, dans la réalité des choses, la Russie, prise entre la convention de Reichstadt, signée antérieurement, avec l’Autriche-Hongrie