des puissances signataires... » Par ces simples mots, le chancelier allemand rend, publiquement, leur pleine validité aux stipulations du traité de Paris, et il soumet, par conséquent, au verdict des puissances, les victoires de la Russie.
Et voici, maintenant, l’acceptation du risque :
Messieurs, il y a, en Russie, des partis considérables qui n’aiment point l’Allemagne et qui, heureusement, ne sont pas au gouvernail... Comment parleraient-ils à leurs compatriotes, eux et peut-être d’autres gens, peut-être aussi d’autres hommes d’État, qui, aujourd’hui encore, ne sont pas nos ennemis déclarés ?... Ils diraient : C’est notre intime ami, l’ami duquel nous croyions pouvoir attendre un retour des anciens services rendus ; c’est l’Allemagne, absolument désintéressée en Orient qui vient tirer, derrière notre dos, non pas l’épée, mais le poignard.
Ces hommes d’Etat qui, « aujourd’hui encore ne sont pas nos ennemis déclarés » (et les mots sont soulignés dans le texte officiel) quels sont-ils, si ce n’est Gortschakoff dont on détruit toute l’œuvre, le parti panslaviste, en un mot, tous ces Russes qui, en raison du choix fait, à Berlin, entre la Russie et l’Autriche-Hongrie, se retourneront bientôt vers l’alliance française ?
Bismarck, donc, va au-devant du reproche. Il le précise lui-même, bravement, pour y répondre, pour y parer, pour l’écarter, si possible, par sa franchise même. Mais les situations sont plus fortes que les habiletés. La phrase évoquant les traités de 1856 a décidé. M. Windthorst, réfuté vivement et même violemment dans la forme, n’est pas, au fond, plus carrément pangermaniste et anti-slave. Peut-être n’eût-il pas manié si sûrement, a non pas l’épée, mais le poignard. »
La Russie est avertie ; mais elle ne peut plus reculer maintenant. Elle a accepté non seulement l’idée d’une conférence, mais, obéissant peut-être à une nouvelle suggestion de la vanité de Gortschakoff, elle a manifesté ses préférences pour un Congrès. Le Congrès aura lieu en Allemagne et sous la présidence du prince de Bismarck. Il aura les cartes en main.
Cependant la Russie poursuit ses négociations secrètes avec la Turquie, négociations qui exaspèrent l’Angleterre, habituée à tout savoir et qui est tenue dans l’ignorance et l’anxiété de cette « paix souterraine, » subterranean peace ; les pourparlers aboutissent enfin, le 3 mars, aux préliminaires de San-Stefano.
Ce traité précise et renforce encore les conditions connues de